Sécurité sociale : Les patrons et Martine Aubry contre le personnel24/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1654.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sécurité sociale : Les patrons et Martine Aubry contre le personnel

Mardi 21 mars plusieurs milliers de manifestants des organismes de Sécurité sociale (Assurance maladie, Vieillesse, Allocations familiales) de Paris et de province, ont défilé du ministère des Affaires sociales (celui d'Aubry) jusqu'à la Tour Montparnasse où se trouve l'UCANSS (Union des caisses de Sécurité sociale) et où se négocie en ce moment l'application de la loi dite des 35 heures. Cette manifestation se situait dans le cadre d'une grève appelée par la CGT, la CFDT, et la CFTC, mais pas par FO qui, tout en protestant de ses sentiments unitaires, fait cavalier seul dans cette affaire.

Les employés de la Sécurité sociale n'étant pas fonctionnaires (ils sont " de droit privé ", régis par une convention collective nationale et administrés par l'UCANSS) ne sont donc pas concernés par les négociations dans la fonction publique. " Leurs " négociations sur les 35 heures, démarrées il y a des mois, puis interrompues, ont repris le 1er février, entre les syndicats et le Medef, lesquels siègent tous ensemble dans les conseils d'administration de la Sécurité sociale, avec en plus certains organismes qui font généralement pencher la balance du côté du Medef (le tout sous tutelle du ministère de Martine Aubry).

A propos de la réduction du temps de travail (les " 35 heures ") le Medef a attaqué d'emblée en prétendant que le personnel ne fait pas 39 heures actuellement, mais seulement 38 heures et 8 minutes, en moyenne sur l'année. Pourtant les horaires des employés sont bien de... 39 heures. Toujours est-il que le Medef n'accepte qu'une réduction du temps de travail que des syndicats ont chiffrée à 7 %, alors que passer de 39 à 35 heures, cela devrait représenter une baisse de 10,25 %. Bien entendu, comme partout, le Medef propose l'annualisation du temps de travail. Et tout cela est agrémenté de quelques attaques supplémentaires : certaines catégories de personnel (travailleurs sociaux, contrôleurs, inspecteurs, cadres) seraient exclues de la RTT, le temps de formation serait pris en partie sur le temps personnel, les salaires, ainsi que l'avancement automatique, seraient bloqués pendant deux ans. Ne subsisterait que l'avancement " au mérite ".

Quant aux embauches, elles devraient se faire à coût constant, c'est-à-dire, en clair, être financées par le personnel. Et les embauches déjà obtenues (peu de chose : 1 400 dans la branche maladie, 900 dans la branche famille - sur un effetif total de 160 000 salariés) seraient à valoir sur les embauches supposées générées par la RTT.

Autant dire qu'il n'y aurait guère de personnel en plus, alors que chacun sait que la Sécurité sociale croule sous des retards gigantesques, provenant, entre autres, de l'introduction de la CMU (Couverture maladie universelle) sans personnel supplémentaire. La CGT évalue à " 14 000 créations d'emplois minimum " ce qui serait nécessaire pour compenser la RTT... sans compter tout le retard !

Dans cette affaire le personnel, attaché à la convention collective nationale, et qui voudrait son maintien, est évidemment très inquiet, et se demande comment il pourra faire pour assurer un service à 35 heures, alors qu'on n'y arrive déjà pas à 39 heures.

Et ces inquiétudes sont d'autant plus fortes que le personnel a en face de lui la coalition des patrons et de Martine Aubry.

La réponse ne peut être que dans le développement de la mobilisation, et de la généralisation des luttes de toutes les catégories de salariés qui sont victimes, d'une manière ou d'une autre, des mêmes attaques du patronat et du gouvernement.

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