Kosovo : Un an après la guerre, la tension permanente24/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1654.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Kosovo : Un an après la guerre, la tension permanente

Tandis que de nouveaux incidents se produisent sans cesse dans la ville divisée de Mitrovica, en particulier entre des francs-tireurs, serbes ou albanais, et des soldats de la KFOR, un autre conflit est en train de couver, dans le sud du Kosovo cette fois.

Une force de guérilla albanaise est apparue depuis le début février, autour de la frontière administrative orientale entre le Kosovo et la Serbie, sous le nom d'" Armée de libération de Precevo, Medvedja et Bujanovac " (UCPMB). Precevo, Medvedja et Bujanovac sont des localités à prédominance albanaise (environ 75 000 personnes), situées en territoire serbe ; l'objectif de cette UCPMB serait leur rattachement au Kosovo.

L'UCPMB est, selon toute apparence, une résurgence de l'UCK, qui comptait quelque 300 combattants de ces régions pendant la guerre (l'UCK est officiellement dissoute, et largement recyclée dans la Force de protection du Kosovo, ou TMK, force civile créée par l'ONU). Les Albanais armés qui patrouillent dans la zone frontalière, en principe démilitarisée, portent des insignes ressemblant à ceux de l'UCK.

C'est lors de l'enterrement, le 27 janvier à Precevo, de deux hommes tués par la police serbe, que neuf membres de l'UCPMB se sont manifestés publiquement. Ils ont notamment déclaré au magazine américain Time : " Nous voulons empêcher Milosevic de recommencer les massacres du Kosovo ". Depuis lors, des accrochages en nombre croissant ont opposé guérilleros albanais et police serbe.

Pour Milosevic, cette " armée de libération " n'est qu'un groupe de terroristes soutenus par les USA en vue de déstabiliser son régime... Mais il paraît clair que les forces de police serbes exercent leur pression sur la population albanaise du secteur pour la contraindre à partir par la terreur. Les officiers américains censés contrôler la région parlent des réfugiés qui viennent de plus en plus nombreux chercher refuge du côté kosovar de la frontière ou en Macédoine. Le Haut Comité de l'ONU pour les réfugiés estime à 5 000 ou 6 000 le nombre des Albanais dans ce cas depuis juin 1999, d'autres donnent un chiffre entre 10 000 et 20 000.

Milosevic pourrait sans doute considérer un conflit ouvert comme de son intérêt, sa politique s'étant toujours appuyée sur ce genre de ressorts. Mais, de son côté, la politique des dirigeants de l'ex-UCK n'est pas exempte de provocation dans cette affaire. Elle mise, à travers des actions de guérilla, sur une réaction brutale des forces serbes, telle que la KFOR et l'OTAN ne pourraient peut-être pas fermer les yeux... Le dirigeant politique Bardhyl Mahmuti a déclaré, quant à lui, souhaiter que le mandat de la KFOR soit étendu aux trois localités en question, c'est-à-dire à ce qu'il appelle " le Kosovo oriental ".

Il est possible que cette question du " Kosovo oriental " entre, comme la crise devenue permanente à Mitrovica, dans le cadre de préparatifs en vue d'un partage du Kosovo. Il s'agirait d'échanges territoriaux qui se feraient, comme dans le passé pas si lointain en Bosnie et en Croatie, sur le dos des peuples pris en otages. Quoi qu'il en soit, c'est tout le Kosovo qui est une poudrière, et un terrain pour les manoeuvres des bandes armées nationalistes, sous le patronage des grandes puissances. Et si les responsables de l'OTAN prétendent aujourd'hui s'en alarmer, ce n'est qu'une façade, car ils n'ignorent évidemment pas leurs responsabilités comme celles de leurs chefs politiques dans cette situation, dont les victimes sont l'ensemble des peuples de la région.

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