Grande-Bretagne - Italie : Quand Blair et D'Alema parlent comme Thatcher24/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1654.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne - Italie : Quand Blair et D'Alema parlent comme Thatcher

" Nous devons reconnaître le fait que les mesures d'assistance de longue durée ont fini par encourager le chômage de longue durée ". Voilà la philosophie de la lettre commune élaborée par les Premiers ministres anglais et italien, Blair et D'Alema, adressée au prochain sommet de l'Union européenne à Lisbonne et publiée le 18 mars par le Financial Times. Et les deux compères d'ajouter : " Il faut un juste équilibre des droits et des devoirs, y compris pour les chômeurs. Ils peuvent raisonnablement s'attendre à une aide de la part des gouvernements. Mais quand des possibilités de travailler sont créées, on peut s'attendre à ce qu'ils les mettent à profit ".

En un mot comme en cent, pour Blair et D'Alema la persistance du chômage est due à la fainéantise des chômeurs qui selon eux préfèrent profiter de l'assistance plutôt que de se précipiter sur les travaux mal payés qu'on leur propose. La solution, c'est de les y forcer, en leur coupant les vivres des indemnités de chômage s'ils n'acceptent pas ce qu'on leur offre. D'Alema, en visite en Sicile et aussi en campagne électorale pour les élections régionales italiennes, a été encore plus explicite en déclarant : " Nous avons besoin de marchés libres, pas de marchés assistés ".

Et de proposer aussi, pour résoudre la question du chômage dans le Sud, " une politique créative de négociation salariale, pour affronter les problèmes régionaux ". Il faut traduire : diminuer localement, notamment dans le Sud, les minima salariaux prévus par les conventions collectives, pour créer de l'embauche... ou plutôt pour que les patrons puissent profiter du chômage pour embaucher à bas prix.

Voilà donc ce qui inspire Blair et D'Alema, deux chefs de gouvernements dits " de gauche " de l'Union européenne. Est-ce qu'ils croient à leurs recettes ultra-libérales pour faire marcher l'économie, le problème n'est même pas là : ce qu'ils veulent, c'est plaire à une fraction de l'opinion dont ils recherchent les voix, en affirmant une image " moderne " de partisans cyniques du libéralisme à tout crin. Et cela passe par des insultes aux chômeurs, et finalement à tous les travailleurs bénéficiaires d'une façon ou d'une autre des systèmes de protection sociale, qualifiés avec mépris d'" assistés ". L'inspiration des hommes " de gauche " Blair et D'Alema tient surtout de Mme Thatcher.

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