Alstom : Après l'annonce des suppressions d'emplois, la journée de protestation du 15 mars - à Paris24/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1654.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom : Après l'annonce des suppressions d'emplois, la journée de protestation du 15 mars - à Paris

Mercredi matin, 15 mars, nous sommes partis à six cars pleins, soit à environ 400, du site de La Courneuve (établissements de LCA, des TE "travaux extérieurs"et Rateau), pour nous rendre à la manifestation qui partait du siège d'Alstom avenue Kléber pour aller à Matignon où une délégation devait être reçue.

A LCA la grève a été largement suivie, il ne restait presque plus personne dans les locaux. Même des cadres sont venus à la manifestation. Il faut dire que LCA est menacé de quasi-fermeture, il n'y restera que 50 personnes sur 175.

Pour certains secteurs des bureaux de Rateau, il y a bien longtemps qu'il n'y avait eu une telle participation (60 à 70 %) à un débrayage et encore plus à une manifestation. A quelques exceptions près, de tous les établissements, des ateliers ou des bureaux, tous ceux qui ont débrayé sont partis manifester. D'autres nous ont rejoints devant le siège d'Alstom comme de nombreux monteurs extérieurs travaillant sur les chantiers EDF.

Rue Kléber nous avons aussi retrouvé plusieurs centaines d'autres travailleurs principalement de Saint-Ouen et de Lys-lez-Lannoy (qui sont venus à 4 cars). De nombreuses délégations d'autres sites étaient présentes de même que des élus locaux.

Une délégation a été reçue au siège mais il n'en est rien sorti, la direction d'Alstom se déclarant presque en dehors du coup puisque les suppressions d'emplois annoncées concernent une filiale, ABB Alstom-Power...Comme l'a dit un membre de la délégation, il s'agit bien d'une déclaration de guerre aux travailleurs du groupe.

Après le compte-rendu de la délégation c'est entre 1200 et1500 que nous sommes partis en manifestation vers Matignon, rue de Varenne. Pourquoi de Kléber à Matignon ? Eh bien, si effectivement ce sont bien Bilger, patron d'Alstom, et Darmon, patron d'ABB Alstom-Power France qui suppriment des emplois, ferment des établissements et licencient, le gouvernement, lui, laisse faire pour le moment. Or Alstom a bâti son empire industriel sur les marchés d'Etat qui lui ont servi de vitrines pour vendre à l'étranger. Il fait des profits sur le dos des travailleurs mais aussi sur celui des contribuables. S'il faut interdire aux entreprises qui font des profits de licencier (et même aux autres), que dire de celles dont les commandes publiques ont été, des dizaines d'années durant, de bonnes et régulières vaches à lait ? Alors, que la banderole de tête associe Darmon, Bilger et Jospin pour exiger l'arrêt des plans sociaux était évident pour les manifestants. Pancartes et slogans affirmaient la même chose : "Non aux suppressions d'emplois! Non aux licenciements", "De l'argent pour l'emploi, pas pour les actionnaires" , "Darmon, Bilger, Jospin, retrait de tous les plans de suppressions d'emplois!".

Bloqué à l'entrée de la rue de Varenne par les CRS, tout le monde a attendu, deux heures durant, le retour de la délégation. Les représentants de Jospin nous ont dit que le gouvernement était aux côtés des salariés. Mais aucune mesure concrète n'a été ne serait-ce qu'envisagée pour contrecarrer les plans d'Alstom. La seule chose qu'ils s'engagent à faire c'est de " demander des explications à la direction d'ABB Alstom-Power". Quant à l'interdiction des licenciements exigée par plusieurs membres de la délégation : "Il n'en est pas question !".

Bref, en dehors de bonnes paroles, ce n'est pas là que se régleront nos problèmes.

Malgré tout, le nombre, l'ambiance, le fait que nous ayons appris que 10 000 manifestants défilaient à Belfort, tout cela a contribué au moral des travailleurs. Il ne s'agit là que d'une étape, la lutte ne fait que commencer.

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