Inégaux... jusqu'à la mort !10/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1652.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Inégaux... jusqu'à la mort !

Le premier volume d'un Atlas de la santé en France vient d'être publié, qui réunit diverses études statistiques officielles permettant de dresser un portrait précis de la France sous l'angle du taux de mortalité.

Cet ouvrage dénonce en particulier un taux de surmortalité dans les régions les plus industrielles du Nord et de l'Est, qui frappe surtout les classes sociales les moins aisées. La même inégalité d'origine socio-économique se reflète d'ailleurs en Ile-de- France. On y meurt moins dans l'Ouest parisien, où vivent plus de cadres supérieurs que d'ouvriers.

Partout, les grandes causes de décès entre 15 et 54 ans (en dehors du SIDA) touchent plus les ouvriers et les employés que les autres. Outre l'alcoolisme, la pollution du milieu professionnel, la fatigue entraînant des accidents notamment sur le lieu de travail, ou les maladies de l'appareil respiratoire dues à l'exploitation, c'est aussi un accès inégal aux soins qui est mis en évidence.

Ce n'est pas d'hier que les ouvriers et les employés vivent en moyenne moins longtemps que les cadres, les ingénieurs ou les commerçants. Aujourd'hui un manoeuvre vit en moyenne huit ans de moins qu'un ingénieur mais cette différence dans l'espérance de vie masculine peut aller jusqu'à 35 ans ! Et ces dernières années, l'inégalité devant la mort entre ces diverses catégories sociales s'est encore accrue avec l'aggravation des conditions de travail et le développement de la précarité et de la misère.

Ce que l'étude ne montre pas, c'est que l'écart est bien plus grand encore dans l'espérance de vie entre ouvriers et employés d'un côté, patrons et gros actionnaires de l'autre. Car si les capitalistes vivent toujours mieux en accroissant leurs profits, c'est précisément grâce à des conditions de travail aggravées pour la classe ouvrière et au poids du chômage avec les risques sur la mortalité qu'ils entraînent !

Plus on abrégera la durée de vie de ce système et plus vite sera supprimée aussi cette injustice-là.

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