PCF : Des dirigeants à la recherche d'habits neufs dans les friperies sociales-démocrates03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

PCF : Des dirigeants à la recherche d'habits neufs dans les friperies sociales-démocrates

La direction du PCF poursuit la discussion préparatoire à son XXXe congrès à travers une consultation de ses militants, procédure qu'elle présente comme une innovation démocratique mais qu'il serait plus juste de qualifier de plébiscitaire, car chacune des sept questions posées aux militants vise à codifier ce que Hue appelle la mutation du PCF. Ce n'est qu'un pas de plus (le dernier ?) vers l'officialisation de la social-démocratisation entamée depuis de longues années.

L'une de ces questions porte sur la modification des statuts et du mode d'élection des organismes de direction. Selon les chiffres publiés dans l'Humanité ce serait d'ailleurs cette proposition qui aurait recueilli le moins de réponses favorables, sur les 50 000 reçues place du Colonel-Fabien.

Les dirigeants du PCF proposent de remplacer les organismes de direction actuels par, écrivent-ils, " des structures collégiales en proximité à la société, proches de la réalité du terrain, composées d'élus, de militants intermédiaires [...] ". En fait, il s'agit de donner une place accrue dans les instances de direction aux notables (ministres, députés, maires, etc.) dont plusieurs dizaines - il est question de 80 - siégeraient de droit au comité national. Ces notables n'auraient même plus besoin, même si cela était déjà formel, de l'aval de la base militante. Or, personne ne peut ignorer que les préoccupations de ces notables sont bien plus marquées par le souci de conserver leur poste que par la volonté de maintenir et de développer leur parti en tant qu'outil militant agissant politiquement au sein de la classe ouvrière. C'est un pas, un de plus, qui vise à transformer le PCF en machine purement électorale, à l'instar des autres formations politiques parlementaires.

Quant à l'organisation à la base, L'Humanité du 13 février cite les propos de Robert Hue au Club de la presse d'Europe 1, qui explique que, puisque beaucoup de cellules fonctionnent mal ou pas du tout, il faut "... imaginer, sous forme par exemple d'ateliers, des structures qui ne soient plus conçues pour la mise en oeuvre de décisions venues du sommet, mais qui, à partir des centres d'intérêt, offrent des possibilités nouvelles de militantisme. " En fait, il s'agit de remettre en cause les cellules, et de mettre sur le même plan les membres du parti, et ceux qui ne veulent pas en être. Cela revient à discréditer la notion même de parti. Au lieu de s'interroger sur les raisons politiques qui font que bien des militants désertent les réunions, Hue invoque, non sans arrière-pensée, les difficultés créées par l'existence d'un sommet qui s'impose à sa base. Cette façon de poser la question, loin d'être une idée neuve, reprend les conceptions de la fin du 19e siècle, les vieilles idées anarchisantes, ou celles qui, sous une autre parure, ont été développées par la social-démocratie dont les structures prétendument souples ont toujours caché (mal) la dictature de la direction.

Or ce qui faisait la particularité du PCF, issue de ses lointaines origines communistes révolutionnaires, c'est qu'en son sein ses cellules - et le mot compte moins que le contenu, mais le fait de changer l'étiquette recouvre des intentions politiques - étaient le centre d'une activité militante dans les entreprises, dans les quartiers populaires. Les problèmes de la classe ouvrière y étaient au coeur des discussions et des préoccupations des militants et la façon d'intervenir dans ces milieux leur préoccupation.

C'est cela, en fait, qui est présenté comme une survivance sans avenir, voire même gênante. Pourtant c'est son implantation au sein du monde du travail qui vaut encore au PCF un poids social et militant qui lui assure son existence, y compris au plan politique, y compris auprès des partenaires dont il recherche l'alliance.

Intervenir dans différents domaines - ce que les forces d'un parti permettent justement - que ce soient les problèmes locaux liés à des expulsions ou des fermetures d'écoles, par exemple, les militants du PCF pouvaient le faire et le faisaient, bien avant que le " mouvement social " ne soit présenté comme un substitut à la mode, et cela n'était pas contradictoire avec l'organisation en cellules, c'en était le prolongement naturel. Cela signifiait que même si, au sommet du Parti, les préoccupations dominantes étaient marquées par le désir d'accéder à des postes de gestion de la société, des générations de militants ont eu à coeur de défendre, à leur façon, l'idée que la classe ouvrière se devait d'intervenir au plan politique. Et l'absence de démocratie entre la base et le sommet n'était que le reflet de la façon dont la direction du Parti Communiste tentait d'obtenir des strapontins au sommet de la société, en monnayant l'influence conquise par l'activité de ses militants dans les luttes.

Ce ne sont pas ceux des militants du PCF qui continuent à croire en l'avenir du communisme, en dépit de l'orientation engagée par Hue et les siens, qui sont tournés vers le passé. Ce sont leurs dirigeants actuels.

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