L'inégalité devant l'impôt03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

L'inégalité devant l'impôt

Dans une feuille jointe à la déclaration d'impôts, le ministère de l'Economie et des Finances fait sa publicité, sous couleur d'informer les contribuables des principales mesures fiscales nouvelles en l'an 2000.

Sont mises en valeur des mesures, prescrites en septembre 1999, concernant les logements : la réduction de la TVA à 5,5 % sur les travaux dans les appartements, l'allégement des " frais de notaire " et la suppression progressive du " droit au bail " (elle sera complète en 2001) sont destinés à faire croire que le gouvernement fait du " social "... Mais même si ces mesures touchent un nombre relativement important de contribuables, la baisse qu'elles représentent n'est guère importante pour chacun.

Mais la vingtaine de dispositions énumérées ensuite concernent principalement les riches et les entreprises. Car qui donc bénéficiera de la réduction de 30 % des droits sur les donations par des personnes de plus de 75 ans et de l'abattement de 500 000 F en cas de succession entre époux, sinon des gens riches ou du moins largement aisés ?

Pour les entreprises, on parle toujours de petites et moyennes entreprises, qui sont certes les plus nombreuses, mais les plus grosses ont d'autres moyens d'échapper à l'impôt. Et combien de petites et moyennes entreprises dépendent ou font partie d'un groupe qui lui, n'a rien de petit ?

Eh bien, pour ces PME, ces petites et moyennes entreprises, qui regroupent des entreprises de quelques employés comme d'autres en emploient 5 à 600, la taxe professionnelle sur les salaires sera complètement supprimée, les impôts seront allégés, les droits de succession réduits dans certains cas. Et pour toutes les entreprises, la contribution additionnelle à l'impôt sur les sociétés et la taxe de création d'entreprise seront supprimées. Tout cela, évidemment, sous prétexte d'inciter à l'embauche, le plus souvent sans effet.

Quant aux schémas joints à la feuille d'impôts et montrant d'où viennent les recettes fiscales et à quoi servent les dépenses de l'Etat, leur présentation vise surtout à cacher que c'est toute la population qui paie, et donc d'abord les travailleurs. Une fraction d'entre eux paie l'impôt sur le revenu, mais tous paient la TVA, impôt injuste s'il en est, puisqu'il concerne l'ensemble des consommateurs, indépendamment de leurs revenus et de leur fortune. Cette partie des rentrées fiscales représente 44 % des recettes de l'Etat, et même bien plus si l'on y inclut les taxes sur les carburants. Et c'est avant tout la bourgeoisie qui empoche, par le biais des intérêts et du remboursement de la dette et par les aides et subventions de toutes sortes. Mais ces dépenses-là n'apparaissent pas dans les schémas gouvernementaux. Il est vrai qu'il n'y a pas de quoi se vanter.

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