Les profits explosent et les sacrifices imposés aux travailleurs continuent03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Les profits explosent et les sacrifices imposés aux travailleurs continuent

Pendant que les patrons prêchent les sacrifices à leurs salariés, et que les ministres du gouvernement Jospin parlent des obligations qui s'imposeraient aux travailleurs au nom de la compétitivité, les bénéfices des grandes entreprises explosent.

On est dans la période de la présentation des bilans et les annonces des résultats tombent les unes après les autres. L'année 1999 apparaît comme une année particulièrement faste, alors que l'année 1998 avait déjà été remarquable en ce qui concerne la bonne santé financière de l'immense majorité des entreprises.

Tous les secteurs pavoisent. Rien que ces derniers jours les annonces suivantes ont été faites dans la presse : dans l'automobile, le bénéfice du groupe PSA (Peugeot-Citroën) est de 4,78 milliards de francs, en hausse de 51 % sur l'année précédente ; Renault n'annonce " que " 3,5 milliards de bénéfices, mais après avoir mis 3,8 milliards en provisions. Dans l'industrie pharmaceutique Sanofi-Sythélabo annonce un bénéfice net de 4,1 milliards de francs en hausse de 21 %, et dans l'industrie cosmétique L'Oréal annonce un résultat net opérationnel en hausse de 15 % à 5,4 milliards de francs. Dans l'industrie alimentaire le nouveau géant Carrefour-Promodès annonce un chiffre d'affaires pour 1999 de 280 milliards de francs ayant généré un bénéfice net de 5,2 milliards de francs ; le numéro 1 mondial Nestlé annonce tout de go un bénéfice net de 19,2 milliards de francs, en hausse de 12,8 %, alors que les analystes ne prévoyaient qu'une hausse de 5 %. Le trust, largement implanté en France, va distribuer 35 % de ces bénéfices, soit sur un an une augmentation de 13,2 % des dividendes distribués aux actionnaires, qui se contentent comme les autres de tondre les coupons pendant que des dizaines de milliers de salariés se crèvent au travail ou vont rejoindre la cohorte des chômeurs.

Mais le palmarès ne s'arrête pas là. Dans l'industrie d'équipement industriel, Fives-Lille annonce des résultats en hausse de 31 %. Dans la banque la Société Générale, qu'on aurait pu croire mal en point après son affrontement boursier avec la BNP et la perte de Paribas, annonce un bénéfice en hausse de... 81 % à 1,98 milliard de francs, auquel il convient de rajouter 2,25 milliards de francs après la réintégration de la cagnotte mise de côté dans la dernière bataille boursière.

Et parmi les champions, il y a bien sûr Suez Lyonnaise des Eaux qui annonce des résultats faramineux pour sa seule division Eaux. Le résultat brut d'exploitation est pour la cinquième année consécutive en hausse de 28 %, et la croissance attendue pour les cinq prochaines années est de 60 %. L'informatique elle aussi explose avec par exemple GFI avec un bénéfice en hausse de 62 % et une annonce d'au moins 12 % de mieux pour l'année prochaine.

Mais ces résultats ne sont qu'une partie visible de l'immensité des profits réels des grandes sociétés. Les acquisitions, qui constituent l'essentiel de prétendus investissements annoncés, en sont une autre manifestation qui donne une idée de l'ampleur du phénomène. Ainsi Paribas associé à Danone et Nabisco, des géants de l'industrie alimentaire, vient de se porter acquéreur, à travers une OPA, de United Biscuit pour 13,4 milliards de francs. La presse a rappelé qu'Unilever a acquis Amora Maille pour 4,7 milliards de francs. Le groupe français Cap Gemini, numéro 1 européen des services informatiques, engage une fusion avec la branche conseil d'Ernst and Young pour 75,5 milliards de francs.

Et bien des groupes, à l'image de PSA et de Renault, engagés dans des plans de suppressions d'emplois, pavoisent avec leurs résultats financiers. Ainsi DASA, la structure commune à Matra et Daimler dans la branche aéronautique, annonce d'un côté un bénéfice opérationnel en hausse de 17 %, pendant que les patrons de Matra annoncent aux syndicats la nécessité de suppressions massives d'emplois, 1 500 rien que pour la France, annonce la CFDT. Quant à Alcatel, on vient d'apprendre qu'elle se préparait à prendre le contrôle de New Bridge pour plus de 48 milliards de francs.

Et puis c'est Alstom, riche à milliards, qui vient d'annoncer de son côté 15 000 suppressions d'emplois.

Alors l'avidité aux gains du patronat n'a aucune limite, l'indécence de ses propos non plus quand il s'adresse aux travailleurs. Quant aux gouvernants, ils ne sont là que pour se faire l'écho de la voix de leur maître.

Mais il s'agit bien d'une lutte sans merci que mène le capital à l'encontre du monde du travail, et les résultats annoncés montrent que ce n'est pas la situation florissante des entreprises qui peut représenter un espoir d'amélioration pour les salariés et les chômeurs, bien au contraire. Il reste au monde du travail à se servir de sa force, de son nombre, de sa place décisive dans la production, pour mettre à la raison tous ces profiteurs, et prendre sur les immenses profits des classes riches pour garantir son droit à la vie.

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