Les 35 heures dans la fonction publique : Faute d'embauches, pas d'accord03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Les 35 heures dans la fonction publique : Faute d'embauches, pas d'accord

Toutes les centrales syndicales, à l'exception de la CFDT, ont rejeté l'accord-cadre sur les 35 heures pour toute la Fonction publique. La principale pierre d'achoppement est la revendication reprise par les travailleurs du secteur public dans les mouvements de ces derniers temps et qui seront encore à l'ordre du jour des manifestations des 14 et 16 mars prochains: la nécessaire embauche de salariés dans des services qui souffrent tous d'un manque de personnel, que ce soit dans les hôpitaux, dans les postes, dans l'éducation, dans les différentes branches de la Sécurité sociale, aux impôts ou dans les collectivités locales.

Ce rejet est un désaveu pour le gouvernement. Depuis qu'il est question d'une loi sur les 35 heures, que ce soit la première ou la seconde, Jospin et Aubry mettaient en avant le fait que cette loi était censée créer des emplois. Pourtant, les propositions du ministre de la Fonction publique, Zuccarelli, qui viennent d'être rejetées, étaient surtout remarquables par le fait que l'Etat patron n'avait pas l'intention d'embaucher. Les vagues promesses d'une résorption de la précarité, qui ne, serait pas des créations d'emplois mais une régularisation d'emplois précaires existants, n'ont pas suffi à entraîner l'adhésion des syndicats.

Faute d'accord général, la question va donc descendre d'un étage et se négocier secteur par secteur. C'est déjà ce qui est en cours. Aubry par exemple, assume la négociation dans le secteur hospitalier tandis qu'Allègre se charge de l'Education nationale.

La multiplication des manifestations des agents hospitaliers et les projets de manifestation dans l'Education nationale montrent que pour le moment les ministres et les travailleurs sont loin d'être sur la même longueur d'ondes. Là encore, la pierre d'achoppement reste le refus d'embaucher du personnel au nom du dogme de la rigueur budgétaire.

Histoire de mettre la discorde au sein des différents secteurs de la Fonction publique et comme illusoire justification à son refus de créer de nouveaux postes, le gouvernement a téléguidé il y a quelques mois le rapport Roché qui pinaillait, avec mauvaise foi, sur l'horaire réel des travailleurs des services publics. Le gouvernement essayait ainsi de suggé- t rer que les 35 heures, c'était déjà fait et donc cela était censé justifier l'embauche zéro. Mais tous ceux qui ont affaire aux services publics de ce pays - et ils sont des dizaines de millions - voient bien que partout le manque de personnel est criant. A la Sécurité sociale, les dossiers en souffrance s'accumulent. Dans les bureaux de poste, les queues s'allongent et, dans les hôpitaux, infirmières et aides soignants sont débordés, et ça n'est pas sans conséquence pour les malades.

Mais si la négociation va se poursuivre « en ordre dispersé », comme dit la presse, le gouvernement entend bien poursuivre sa politique, lui, sans se disperser. Il va maintenir l'essentiel de ses propositions: les 35 heures hebdomadaires 'avec un plafond annuel de 1600 heures, des maxima quotidien et hebdomadaire. Le dossier sur l'emploi précaire pourrait même être rouvert au niveau de l'ensemble de la foncion publique. Mais le gouvernerient entend maintenir son veto ur les créations d'emplois.

C'est bien pour cela que outes les manifestations actuelles lui viennent de différents seceurs de la Fonction publique sont importantes. Car seule la force des travailleurs pourrait faire sauter ce veto gouvernemental, d'autant plus odieux que les besoins sont criants et les chômeurs, des millions. Mais la poussée des travailleurs contre le refus gouvernemental aurait d'autant plus de poids si les mouvements de protestation dans les différents services publics ne se manifestaient pas en ordre dispersé.

Car, si la plupart des syndi.cats ont refusé l'accord proposé par le gouvernement, ils ne montrent guère leur volonté de faire converger les différentes protestations du secteur public et pour faire que disparaissent les cloisonnements existant entre les différentes corporations du secteur public.

Contre les aspirations légitimes des travailleurs de la Fonction publique, les verrous sont donc nombreux. Il faut une lutte d'ensemble pour les faire sauter.

Partager