Giordano Bruno : L'Église insiste encore !03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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Giordano Bruno : L'Église insiste encore !

Il y a 400 ans, le 17 février 1600, Giordano Bruno était brûlé vif pour hérésie sur le Campo del Fiori à Rome, place sur laquelle se dresse aujourd'hui sa statue. Il avait eu le tort de remettre en cause l'explication chrétienne de l'univers, en particulier au profit d'une théorie faisant tourner la Terre autour du Soleil et considérant la nature d'un œil plus scientifique et matérialiste que respectueux du dogme catholique. Livré à l'inquisition, son procès dura sept ans, au cours desquels il refusa de renier ce qu'il pensait juste. Jusqu'à aujourd'hui, jamais le Vatican et la hiérarchie catholique ne sont revenus sur la condamnation de Giordano Bruno.

En 1889, pour que sa statue puisse être érigée, il avait fallu passer outre l'opposition du pape de l'époque. En 1929, un autre pape demandait à Mussolîni, qui refusa, de démolir la statue, ce qui paraît-il, détériora pour un moment les bonnes relations entre le régime fasciste et le Vatican. Six mois plus tard, ce dernier canonisait le cardinal qui avait condamné Giordano Bruno au bûcher, pour bien montrer que les autorités ecclésiastiques ne revenaient pas sur leur jugement prononcé plus de trois siècles auparavant. « S'il a fallu enregistrer une condamnation, l'on doit en chercher la raison non pas chez les juges, mais chez l'accusé », déclarait encore, en 1942, un dignitaire du Vatican à propos du procès de Bruno. Mais il est certain que ces années de fascisme et de guerre mondiale étaient dominées par des régimes profondément réactionnaires, appuyes et soutenus par toute la haute hiérarchie catholique dont il était impossible d'attendre autre chose qu'une condamnation renouvelée de l'esprit audacieux, libre de tout dogmatisme et irrespectueux du culte et des chefs religieux, que représentait Giordano Bruno.

Mais les années sont passées et n'ont pas changé grand-chose. En 1993 de nouveau, le pape Jean-Paul Il et les autorités vaticanes maintenaient que la condamnation de Bruno avait été « pleinement motivée ». Enfin, le 3 février dernier, une autorité vaticane, chargée d'examiner les réhabilitations possibles, refusait celle de Giordano Bruno, ses idées étant toujours qualifiées d'hérétiques 1

L'Eglise a l'obscurantisme tenace, même si, du bout des lèvres il est vrai et tout récemment, elle a accepté de reconnaître que les thèses de Galilée, confirmées par la science depuis plusieurs siècles, étaient justes et que sa condamnation n'avait été qu'un « douloureux malentendu » ! Mais, instruit du supplice de Giordano Bruno et devant le tribunal de l'inquisition, Galilée avait préféré donner a ses juges l'apparence de celui qui fait amende honorable, ce que Giordano Bruno s'est refusé à faire jusqu'au bout. Plus encore que les idées de Giordano Bruno, peut-être est-ce finalement ce caractère irréductible, le fait d'avoir osé l'affronter sans plier, qui gêne encore aujourd'hui la hiérarchie catholique.

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