États-Unis : La police new-yorkaise fait régner l'insécurité03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La police new-yorkaise fait régner l'insécurité

Le 4 février 1999, des policiers en civil de New York, abattaient dans le hall de son immeuble un jeune immigré guinéen de 22 ans qui n'avait rien à se reprocher, en " l'arrosant " de 41 balles (dont 19 ont atteint leur cible !).

Pour justifier leur geste, les policiers ont parlé de méprise. La victime, Amadou Diallo, ressemblait, disent-ils, au portrait-robot d'un violeur et ils auraient interprété à tort un geste du jeune homme portant sa main à la poche pour tirer, non un revolver, mais son portefeuille !

L'affaire vient d'être jugée et le verdict est tombé vendredi 25 février : c'est l'acquittement pur et simple pour les quatre policiers mis en cause dans cette affaire qui avait suscité au moment des faits beaucoup d'émoi dans la communauté noire aux USA et particulièrement à New York, provoquant pendant deux mois des manifestations quotidiennes de plus d'un millier de personnes devant le bureau de la police municipale.

Les policiers mis en cause appartiennent en effet à une unité spéciale de la police new- yorkaise, l'" unité de lutte contre les crimes de rue " créée dans le cadre de l'opération " Zéro tolérance " initiée depuis 1993 par le maire Giuliani.

Il s'agit, sous prétexte de lutter contre l'insécurité, de procéder à des arrestations massives " au faciès ", en multipliant les contrôles d'identité agressifs, la présence policière et la traque aux petits délinquants, à défaut souvent de pouvoir coincer les autres. Conséquences de cette politique : les prisons sont surpeuplées car la justice se montre inflexible pour les délits mineurs, les sans-abri sont repoussés dans les quartiers déshérités, les pauvres sans cesse harcelés dans les espaces publics et un fossé de haine sépare la communauté noire et latino-américaine des forces de l'ordre qui les tracassent sans cesse (d'après l'enquête d'un quotidien new-yorkais, 80 % des jeunes hommes noirs et latino-américains ont été arrêtés et fouillés au moins une fois lors de cette campagne !)

Ce harcèlement policier et souvent raciste ne s'est pas fait sans bavures, comme celle concernant un jeune Haïtien, Abner Louima, victime de tortures sexuelles dans un poste de police, pour lequel un policier a finalement été arrêté et condamné à 30 ans de prison ; l'" unité de lutte contre les crimes de rue " responsable de la mort d'Amadou Diallo et composée de 380 policiers presque tous Blancs, a fait l'objet de plusieurs enquêtes judiciaires et administratives à cause des nombreux abus, en particulier à caractère raciste.

L'acquittement des policiers pour l'assassinat d'Amadou Diallo arrive dans ce contexte pour absoudre le comportement de la police au nom des bons résultats obtenus dans la lutte contre la criminalité.

Ce verdict de clémence est en soi révoltant, mais c'est aussi un blanc-seing inquiétant donné à la police, qui légitime et encourage à l'avenir ses comportements trop souvent expéditifs et racistes, à New York comme ailleurs.

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