CEAC (Nanterre - 92) : En grève pour les salaires03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CEAC (Nanterre - 92) : En grève pour les salaires

A l'usine CEAC (Compagnie européenne d'accumulateurs, groupe Exide) de Nanterre, où nous sommes 250 à fabriquer des batteries automobiles, la grève a démarré le mercredi 23 février. Quand nous avons appris que l'usine de Lille s'était mise en grève dès le lundi sur les salaires, ça n'a pas traîné - et la troisième usine de production du groupe, à Auxerre, a fait de même: nous nous sommes mis en grève nous aussi pour 4 francs d'augmentation, pour toutes les autres revendications, ainsi que pour le passage aux 35 heures sans perte de salaire.

Les revendications, ce n'est pas ce qui manque. Les accidents de travail se succèdent à l'usine: cinq, rien que la &semaine précédente. Pas étonnant, car les cadences infernales nous amènent à des-situations de non-sécurité et les machines sont vieilles et inadaptées. Périodiquement il y a des cas de saturnisme (maladie du plomb), même s'ils ne sont pas reconnus officiellement comme « maladie professionnelle ». Pas étonnant: une fine couche de poussières de plomb recouvre tout, dans certains ateliers. D'autres sont embués de vapeurs d'acide... De plus, murs, carreaux, WC, tout est sale, tout tombe en ruine, malgré les millions qui sortent chaque jour de l'usine sous forme de batteries.

La société Exide empoche de superbénéfices avec les trois millions de batteries que nous produisons chaque année. Mais pour tout remerciement, on a des avertissements, des menaces, des quarts d'heure non payés, des engueulades grossières, et les cadences infernales parce qu'ils n'ont pas embauché. Et il y a en permanence plus de 10 % d'intérimaires.

Mais ce que nous n'avons vraiment pas accepté, c'est la baisse de salaire. Un grand nombre d'entre nous gagnent 7 000 F, en faisant les 3x8. Le patron nous a fait passer de 40 à 39 heures, la réduction se faisant sous forme de crédit d'heures, à prendre quand ça l'arrangerait. Par contre, sur la paie, cela aurait fait 400 F de moins. Et cela, c'était inacceptable.

Après quatre jours de grève, l'occupation de l'usine s'est terminée dimanche 27 février dans l'après-midi. Le patron a lâché douze jours supplémentaires par an, dans le cadre de l'application des 3 5 heures (soit dix-huit jours en tout), et une augmentation uniforme de 180 F brut à partir d'avril. Nous sommes convaincus que cela ne fait pas le compte, par rapport à ce qu'on voulait. Mais ce n'est qu'un début. La solidarité s'est manifestée: on était tous dans la grève, et on n'est pas près de l'oublier.

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