Renault Flins : En grève pour la prime... et les salaires25/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1650.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Flins : En grève pour la prime... et les salaires

Mardi 22 février, Renault a annoncé le versement à tous les salariés de la maison-mère d'une prime exceptionnelle de 4 000 F en même temps que le salaire d'avril. Cette somme vient compléter une avance d'environ 2 500 F et, compte tenu de cela, les travailleurs auront touché en prime une somme proche de ce qu'ils ont touché l'an dernier au titre de l'intéressement... au contraire de ce que la direction avait préalablement annoncé.

La direction compte sans doute ainsi désamorcer le mécontentement entraîné par ses précédentes annonces. Elle avait d'ailleurs déjà tenté de corriger l'effet de celles-ci en laissant filtrer la nouvelle de cette prime exceptionnelle de 4 000 F.

En effet, elle n'avait pas fait dans la dentelle lorsque, la même semaine, elle avait annoncé une augmentation de salaire de 1 % en février et 0,5 % en octobre, ce qui ne compense même pas l'augmentation du prix de l'essence ! Elle s'était aussi vantée de résultats exceptionnels dégageant une marge opérationnelle de 14,5 milliards de francs, en hausse de près de 15 % par rapport à l'année précédente. Mais sur ce, elle ajoutait que la prime d'intéressement serait inférieure de moitié à celle de l'an dernier. Sous quel prétexte ? Il fallait provisionner presque 4 milliards pour les mesures de départ des salariés âgés (CASA) sur les cinq ans à venir et plus de 2 milliards pour les 21 000 suppressions d'emplois chez Nissan !

Inutile de dire que son annonce a déclenché la colère. A l'usine de Flins, dans les Yvelines, les syndicats ont appelé à débrayer le mardi 22, pendant les discussions avec la direction, deux heures le matin et l'après-midi. En fait, l'équipe du matin au Montage n'a pas pris le travail : à 5 h 25, les plus déterminés ont commencé à tourner dans les ateliers et, à l'heure du débrayage, nous nous sommes facilement retrouvés à plusieurs centaines venus de tous les secteurs de l'usine, et nous avons continué jusqu'au changement d'équipe. Ceux de l'après-midi ont, eux aussi, devancé l'appel en ne prenant pas leur poste.

Au total, nous avons été environ 2 000 à débrayer sur l'usine de Flins, le tiers des effectifs Renault, un débrayage massif tel que les directeurs n'en avaient pas vu depuis longtemps.

Après la grève de quatre jours qui encadrait le week-end du 1er novembre, la direction avait paru comprendre notre détermination à ne pas la laisser rogner notre pouvoir d'achat : après avoir diminué l'avance sur la prime d'intéressement, elle avait fait rapidement marche arrière, donné une avance de 1 000 F sur la prime locale Flins Plus, puis annoncé un montant habituel - environ 2 500 F - pour l'avance sur la prime d'intéressement. Eh bien, les débrayages massifs de mardi 22 février confirment que nous n'avons pas oublié, et que nous sommes toujours prêts à défendre pied à pied notre pouvoir d'achat.

La direction a lâché du lest pour essayer de couper court au mécontentement mais beaucoup pensent que les primes, cela ne vaut pas une vraie augmentation de salaire, et surtout cela ne rattrape pas le manque à gagner sur les salaires quasiment bloqués depuis des années.

Le succès de notre débrayage, l'ambiance qui régnait dans les ateliers, les discussions qui continuent, tout cela montre que le moral remonte à Flins et que la direction a de quoi commencer à s'inquiéter.

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