Fonderies du Poitou (Ingrandes - Vienne) : Les ouvriers du nettoyage industriel en grève25/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1650.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou (Ingrandes - Vienne) : Les ouvriers du nettoyage industriel en grève

Aux Fonderies du Poitou, le nettoyage des déchets industriels - sable aux carters ou copeaux d'aluminium aux culasses - est sous-traité depuis dix ans à l'entreprise Rénosol, filiale de Vivendi. Les quinze ouvriers qui accomplissent ce travail particulièrement pénible savent depuis le début de l'année qu'à partir du 1er mars, le marché sera repris par Sanitra-Fourrier, elle-même filiale de la Lyonnaise des Eaux. Ils ignorent par contre encore ce qu'il adviendra d'eux, et c'est la raison pour laquelle ils viennent de faire, du 14 au 18 février, une grève suivie par la totalité d'entre eux.

En principe, le code du travail prévoit que, dans ce genre de situation, les salariés doivent être repris par le nouvel employeur, sur les mêmes bases, en particulier en ce qui concerne l'ancienneté. Mais le code du travail, les patrons l'interprètent, quand ils ne s'assoient pas purement et simplement dessus.

Ainsi le directeur de Sanitra-Fourrier a décidé que les salariés de Rénosol devaient avant toute chose démissionner. Après quoi, il étudierait au cas par cas qui pourrait avoir le privilège de travailler pour lui, sur la base du Smic, sans ancienneté ni treizième mois.

Avec toutes les raisons, les ouvriers de Rénosol se sont évidemment dit que démissionner serait la pire des solutions. Devant leurs réticences, les patrons de Rénosol leur ont alors dit : si vous ne démissionnez pas, nous procéderons à un licenciement économique.

" Ni démission, ni licenciement, c'est la continuation de notre contrat de travail que nous voulons ", ont répondu les quinze, " puisque c'est exactement le même travail que nous faisons depuis dix ans qui va continuer à être fait ! "

Comme aucun argument, même appuyé par l'inspection du Travail, n'y faisait, les travailleurs de Rénosol ont décidé la grève à l'unanimité, à partir du lundi 14 février, rejoints par les trois CDD qui travaillent en ce moment à leurs côtés.

Épaulés par des délégués CGT des Fonderies, ils se sont constitués en " comité de défense des travailleurs de Rénosol ", ont désigné parmi eux trois porte-parole, et ont entrepris diverses actions pour se faire entendre.

Il y eut d'abord un tract à destination des travailleurs des Fonderies, où les grévistes expliquaient : " Ce qu'on nous propose, c'est comme si, lorsque les Fonderies sont passées de Renault à Fiat-Teksid, les patrons vous avaient dit : "Démissionnez d'abord, et on choisira parmi vous les heureux élus pour travailler au Smic" ... Nous faisons appel à votre solidarité, car nous sommes tous dans la même galère. "

Le 15 février, les grévistes de Rénosol firent irruption dans la réunion des délégués du personnel, et interpellèrent la direction des Fonderies en lui demandant d'intervenir auprès de Sanitra-Fourrier. " Cela ne nous concerne pas ", répondirent en substance les représentants de la direction, comme si, même sous-traité, le nettoyage des déchets des Fonderies n'était pas une activité de l'entreprise !

Jeudi 17, les grévistes se retrouvèrent aux côtés des travailleurs des Fonderies, appelés à débrayer par l'ensemble des syndicats sur des problèmes de salaires.

Chaque jour, des communiqués furent portés à la presse locale, qui rendit compte des diverses actions du comité de défense.

Mais finalement, après une entrevue tendue avec le directeur de Sanitra-Fourrier qui, flanqué d'un huissier, confirma qu'il n'avait rien de nouveau à proposer, la reprise du travail fut décidée collectivement pour le vendredi soir.

Les travailleurs de Rénosol, qui ont de bout en bout discuté et décidé collectivement de toutes leurs actions, ont pris ensemble une dernière décision : ils resteront constitués en comité de défense pour continuer la bagarre, sur le plan juridique ou sur tout autre plan, si les patrons s'entêtent à ne pas les reprendre sur la base de leur contrat de travail en cours.

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