Clariant (Huningue Haut-Rhin) : 4 jours de grève contre les " 35 heures "25/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1650.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Clariant (Huningue Haut-Rhin) : 4 jours de grève contre les " 35 heures "

Cela faisait déjà un moment que le ras-le-bol existait à Clariant-Huningue, entreprise de 550 salariés fabriquant des pigments et colorants, appartenant au groupe international Clariant (40 000 salariés) issu de la fusion des parties chimique de Hoechst, Ciba-Geigy et Sandoz... Ras-le-bol parce qu'en production, les conditions de travail sont pénibles, dangeureuses, les installations étant vétustes, tout cela aggravé par des charges de travail à la limite du supportable et la pratique permanente des déplacements des travailleurs d'un atelier à l'autre en fonction des besoins.

Ce ras-le-bol s'est exprimé à l'occasion de la discussion sur les 35 heures.Le patron voulait donner 10 jours de réduction du temps de travail en échange du maintien des horaires. C'était tout.Résultat, à l'appel de la CGT, seul syndicat sur l'usine, toute l'usine s'est mise en grève mardi 15 février sur la base de revendications élaborées et votées dans les ateliers ; 25 jours de RTT, 800 F d'augmentation de salaire, 10% d'embauche en plus. Ce jour-là, il n'y avait que quelques cadres pour rentrer à l'usine.A l'assemblée générale il y eut de 400 à 450 grévistes pour voter les revendications, la grève et élire un comité de grève.Comme la direction ne voulait rien savoir, on a remis ça pour le lendemain.A la demande de militants de l'usine voisine TFL, nous sommes allés distribuer un tract chez eux parce qu'ils avaient les mêmes problèmes sur les 35 heures.

Malheureusement, à la diffusion du tract, un camarade de Clariant a décédé d'une crise cardiaque.Ça a été un choc pour nous tous.La grève a été revotée à la quasi-unanimité et cette volonté a été affichée plusieurs fois aux assemblées générales bi-quotidiennes, mais à partir de là ce n'était plus pareil. Les deux jours qui ont suivi, l'ambiance n'y était plus. Du coup le 18 février, la majorité du comité de grève et une partie des militants CGT ont poussé à la reprise en baissant les revendications et en faisant réélire un comité de " négociations " dont ils voulaient écarter un militant CGT, principal animateur de la grève et partisan de la continuation de la lutte. L'assemblée générale a à la fois voté la baisse des revendications, l'élection de ce comité et l'élection à l'unanimité (moins les membres du comité de négociations) du militant le plus radical pour les accompagner.

La direction, de son côté, n'était sûrement pas trop rassurée et a décidé de céder le soir même à peu près 200 F brut d'augmentation, 14 jours de réduction du temps de travail pour la majorité des salariés, même si ceux qui étaient déjà à 33 h 30 sont mis sur le côté avec seulement 4 jours.Et puis surtout, même si la formulation reste floue et prête à interprétation, la direction s'engage à consacrer intégralement les éventuelles subventions (de l'Etat dans le cadre de la loi Aubry) sous forme d'emplois ou d'avantages financiers aux salariés. La reprise fut alors votée à 90%.

Les salariés étaient contents d'avoir dit leur ras-le-bol et d'avoir fait un peu reculer le patron même si la plupart s'accordaient à penser que ça ne faisait pas le compte et qu'il faudrait bien remettre ça pour obtenir le complément par rapport aux revendications initiales.

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