Au tribunal d'Orléans : Le gouvernement Jospin contre les sans-papiers et ceux qui les aident25/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1650.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Au tribunal d'Orléans : Le gouvernement Jospin contre les sans-papiers et ceux qui les aident

Cent cinquante personnes sont venues soutenir Delphine Benama et Bendehiba Selamnia, lundi 21 février, au tribunal d'Orléans, parmi lesquels de nombreux militants d'associations et d'organisations politiques soutenant la cause des sans-papiers. Mais seules quelques dizaines ont pu passer à l'audience, la majorité restant sur le parvis du tribunal, refoulées par les CRS. Bien des personnes venues là - et parfois de loin - pour chercher un papier ou une attestation se sont entendu dire : " Aujourd'hui on ne rentre pas au Palais de Justice, revenez un autre jour ".

Delphine Benama comparaissait pour la deuxième fois, le parquet ayant fait appel après un premier jugement qui avait décidé de sa relaxe. On lui reproche d'avoir aidé un de ses amis, Bendehiba Selamnia, un Algérien en situation irrégulière dans ses démarches pour se marier. Un problème que Delphine connaissait bien puisqu'elle-même avait dû faire 50 jours de grève de la faim, il y a trois ans, pour obtenir l'autorisation de se marier à un Algérien en situation irrégulière, dont elle avait un enfant.

A la sortie de son premier jugement, Delphine avait déclaré " qu'elle était fière de ce qu'elle avait fait et qu'elle continuerait à aider les sans-papiers ". C'est cette déclaration qui aurait décidé le gouvernement à réagir en exigeant un nouveau jugement. L'avocat général demande sa condamnation pour aide au séjour à un étranger en situation irrégulière, à deux mois de prison avec sursis et 5 000 F d'amende.

Bendehiba Selamnia, lui aussi, comparaissait pour la deuxième fois. Arrêté en février 1998, juste après sa demande de mariage à la mairie de La Riche, près de Tours, en situation irrégulière, on l'accusait de vouloir contracter un mariage blanc, de reconnaître une fillette qui n'était pas la sienne et d'extorsion de fonds. Il fit alors huit mois de prison en préventive pour se voir condamner le 28 octobre 1999 à trois mois de prison par le tribunal de Tours. Ce n'était pas assez aux yeux de ces autorités judiciaires qui veulent faire des " exemples " pour démoraliser les sans-papiers et décourager ceux qui les aident. L'avocat général a donc cette fois demandé 6 mois de prison ferme et trois mois d'interdiction du territoire.

Les consignes de fermeté viennent de haut dans cette affaire. On a appris que le Parquet de Tours, où l'affaire était initialement jugée, avait fait mettre sur écoute le cabinet, le portable et le domicile de l'avocat de Bendehiba Selamnia. Il semble que le maire d'étiquette socialiste de La Riche ait travaillé la main dans la main avec le préfet pour harceler Delphine Benama et Bendehiba Selamnia.

Le jugement sera rendu le 27 mars. Mais l'ensemble du déroulement de cette double affaire montre comme il y a loin des promesses passées des dirigeants socialistes vis-à-vis des sans-papiers à leurs agissements en tant que responsables du gouvernement. Car la décision du Parquet de faire appel du premier jugement estimé trop clément a impliqué, dans les deux cas, la responsabilité de Lionel Jospin et d'Elisabeth Guigou.

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