Tchétchénie : L'armée russe systématise les crimes18/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1649.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tchétchénie : L'armée russe systématise les crimes

Deux semaines après la chute de Grosny les forces russes continuent à semer la terreur et la mort au sein de la population tchétchène, rasant des villages et multipliant les exécutions sommaires en guise de représailles.

Cette semaine, des témoignages ont commencé à faire état du régime imposé dans les zones « libérées ». Ainsi les autorités russes ont installé plusieurs camps dits « de filtration » dans lesquels des milliers de combattants tchétchènes mais aussi des civils - parmi lesquels des enfants, des femmes et des vieillards - soupçonnés d'avoir aidé les « boïéviki » sont détenus. Dans le camp de Tchernokozovo par exemple, ils sont soumis à des privations de nourriture, aux tortures systématiques, aux coups, aux viols et aux exécutions. Et si certains d'entre eux ont pu en réchapper et témoigner, c'est que l'armée russe, qui officiellement prétend aider la population tchétchène contre le banditisme, pratique couramment la libération des détenus, morts ou vivants, contre rançon.

L'existence de ces camps n'est pas nouvelle. Durant la précédente guerre de 1994-1996, les autorités russes les avaient abondamment utilisés, terrorisant les populations par les traitements qui y étaient infligés. Des milliers de Tchétchènes auraient ainsi disparu ou seraient sortis invalides de ces camps.

Le sort de ceux qui, fuyant les zones de combats, ont pu se réfugier en Ingouchie n'est guère plus enviable. La Fédération Internationale des Droits de l'Homme a récemment dénoncé les conditions de vie inhumaines et l'absence de soins médicaux auxquels sont soumis plus de 20 000 réfugiés, par l'attitude du gouvernement de Moscou qui voudrait, en agissant ainsi, les forcer à retourner en Tchétchénie.

Constatons que ces horreurs, ces crimes sont commis alors que les gouvernements occidentaux se réfugient dans un silence complice. Il est vrai que la France et les autres puissances, qui misent sur le rétablissement d'un pouvoir fort en Russie, reconnaissent à Poutine « la pleine souveraineté en Tchétchénie » et le droit de « lutter contre le terrorisme ». D'ailleurs le « Club de Londres », un pool de banques privées parmi lesquelles figurent la BNP et le Crédit Lyonnais, vient d'accorder au gouvernement russe une remise de quelque 10 milliards de dollars sur la dette extérieure du pays. De quoi aider Poutine à financer son prochain budget qui prévoit d'augmenter de 50 % ses dépenses militaires !

Entre massacreurs, on se comprend.

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