Prolétaires de tous les pays...18/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1649.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Prolétaires de tous les pays...

Depuis l'entrée dans le gouvernement autrichien du parti de Jörg Haider, cet admirateur de la " politique sociale " de Hitler, de nombreuses manifestations de protestation se sont déroulées à Vienne et dans les principales villes du pays. Pour prix de l'entrée de son parti au gouvernement, Haider a certes signé un document d'adhésion aux " valeurs " qui fonderaient l'Europe. Mais de toute manière, avant même cette signature, la droite autrichienne avait déjà décidé de former une nouvelle majorité gouvernementale avec l'extrême droite. Et il n'y a pas lieu de s'en étonner, car ni Mussolini, ni Hitler, ni Franco, ni Pinochet, ne seraient arrivés au pouvoir s'ils n'y avaient été aidés par la grande majorité des hommes politiques de la droite parlementaire.

Et puis, que valent les contorsions d'un Haider pour se donner l'air respectable, dès lors qu'il a fait de Hitler un modèle à suivre pour lutter contre le chômage. Car on sait comment le régime nazi a " lutté " en Allemagne contre le chômage : en se servant de ce problème pour propager les pires idées racistes et xénophobes, avant de faire des travailleurs allemands la chair à canon de la Deuxième Guerre mondiale. Et on comprend que des milliers de jeunes Autrichiens n'aient aucune envie de voir ces idées d'un autre âge acquérir force de loi dans leur pays.

Les manifestants autrichiens qui protestent contre l'entrée du parti de Haider au gouvernement ont donc évidemment raison, et la classe ouvrière française ne peut qu'être solidaire d'eux. Ce n'est pas parce que l'entrée au gouvernement du parti de Haider s'est faite en respectant les normes constitutionnelles, parce que le nouveau gouvernement est soutenu par la majorité des députés, que les travailleurs autrichiens doivent accepter de voir leurs pires ennemis s'installer au pouvoir. D'abord, parce que toute une partie de la classe ouvrière autrichienne, celle qui est constituée par la main-d'oeuvre émigrée, est là-bas comme ici privée du droit de vote. Ensuite, parce que même si les opposants à Haider étaient minoritaires dans le pays, ils seraient bien évidemment dans leur bon droit (à défaut d'avoir le droit constitutionnel pour eux), en se battant contre cette infamie. Ce qui vient de se passer en Autriche n'est qu'un exemple de plus du fait que ce n'est pas sur leur poids électoral, mais sur celui que leur donne leur rôle dans la société, que les travailleurs doivent compter pour défendre leurs intérêts.

Cela étant dit, la bonne foi des gouvernants français qui se sont fait ces derniers jours les pourfendeurs du nouveau gouvernement autrichien est loin d'être évidente. Quand ils refusent de serrer la main de leurs homologues du nouveau gouvernement autrichien, on croirait plus facilement à leur sincérité s'ils ne pactisaient pas si facilement avec des dictateurs qui ne sont pas plus présentables que Haider, mais dont les industriels et les banquiers français ont besoin pour faire des affaires, ou pour maintenir l'ordre capitaliste.

Mais à tout prendre, il est préférable que l'arrivée au gouvernement autrichien du parti de Haider ne se soit pas faite dans l'indifférence générale des autres pays européens. Les manifestants autrichiens doivent se sentir épaulés par la solidarité de tous ceux qui ne veulent pas que se répètent les drames des années 30. A commencer par la solidarité de la classe ouvrière de tous les pays qui, elle, n'a pas d'arrière-pensées politiciennes. Des manifestations contre l'entrée de l'extrême droite autrichienne au gouvernement auront lieu en France dans les jours qui viennent. Une journée de manifestations est annoncée pour le 19 février, le jour même où les opposants à Haider organisent à Vienne une grande manifestation. Il faut que toutes les travailleuses et tous les travailleurs fassent de ces manifestations des succès.

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