La colère dans les lycées professionnels : Marseille18/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1649.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

La colère dans les lycées professionnels : Marseille

À la suite du projet de Allègre concernant les lycées professionnels (LO n°1646 et 1648), la grève s'est développée dans les lycées professionnels de la région. L'académie d'Aix- Marseille regroupe les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes ; et de Barcelonnette à Arles en passant par Avignon, il y a 55 lycées professionnels et sections d'enseignement professionnel dans des lycées classiques, où enseignent 2 700 professeurs.

La grève du jeudi 3 février à l'appel des syndicats, excepté le Snetaa lié à la FSU, a été suivie à 80 %, ce qui est exceptionnel. Le mécontentement a été si vif que 600 enseignants sont venus à Aix pour manifester.

Dès le lendemain ils se réunissaient dans des assemblées générales dans plusieurs lycées et se mettaient en grève reconductible ou tournante. 40 personnes représentant 6 lycées professionnels et des responsables des syndicats à l'initiative de la grève du 3 se réunissaient au lycée Le-Chatelier, au nord de Marseille.

Le lundi 6, il y eut à nouveau des assemblées générales. Des groupes d'une dizaine de professeurs grévistes partaient pour étendre la grève à de nouveaux lycées. Ils y entraient à l'occasion de la récréation, les professeurs du lycée réunissaient l'assemblée générale où les grévistes exposaient les raisons de la grève. À chaque fois, les assemblées votaient la grève. Les grévistes sont très en colère contre le projet d'Allègre qui, en comptabilisant les heures de travail " effectuées ", veut accroître le temps de présence des enseignants, et faire de ceux-ci des créditeurs ou surtout des débiteurs d'heures de travail. Ces heures utilisées en travaux divers permettraient de continuer à ne pas embaucher. Beaucoup d'enseignants s'élèvent aussi contre l'intégration des lycées professionnels aux entreprises. Les patrons deviendraient les maîtres d'oeuvre de la formation des jeunes. Certainement pas pour donner à ces jeunes la formation, les connaissances et la culture dont ils auront besoin toute leur vie, mais plutôt pour les utiliser le plus vite possible de la façon la plus rentable pour eux.

L'après-midi, une nouvelle assemblée réunissait 250 enseignants de 20 lycées. Il y fut décidé de continuer à étendre la grève.

Ils étaient 400 à manifester le mardi 8 à Marseille. C'est alors que des professeurs non syndiqués, qui tenaient à participer aux discussions et aux décisions pour la suite du mouvement, proposèrent de s'organiser en coordination. D'autant plus que les syndicalistes insistaient plus sur les temps forts, que sur l'organisation de la grève. Le lendemain il y eut 28 personnes représentant 14 lycées pour la première réunion de la coordination qui comprenait un représentant de chaque syndicat.

Une nouvelle manifestation appelée par les syndicats sur toute l'académie rassemblait 800 personnes à Aix. Ce fut une journée mémorable. Les manifestants sillonnèrent Aix, pique-niquèrent devant le rectorat, se réunirent en AG. Ils accueillaient chaleureusement leur délégation que le recteur tentait d'anesthésier par des flots de paroles. Le soir même la coordination réunissait 50 personnes de 26 lycées.

Et le lendemain, veille des vacances, une nouvelle manifestation, de Marseillais surtout cette fois, dévalait la Canebière à 150 avec un bel enthousiasme.

Et une dernière coordination de 30 d'entre eux décidait pour la rentrée, le 28 février, de reprendre la grève, de s'adresser aux parents d'élèves, et à la population. Elle se posait le problème de coordonner le mouvement des lycées professionnels avec les collèges et des lycées.

Les professeurs des lycées professionnels sont bien conscients qu'ils représentent une minorité et que les mesures du gouvernement à leur égard constituent un ballon d'essai. S'il arrivait à faire passer son projet, il ne fait pas de doute que les mêmes mesures se généraliseraient à toute l'Éducation nationale.

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