Foyers Sonacotra de la région Rhône-Alpes : Des méthodes de flicage scandaleuses18/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1649.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Foyers Sonacotra de la région Rhône-Alpes : Des méthodes de flicage scandaleuses

La Sonacotra est un organisme qui est chargé de faire construire et de gérer des foyers pour travailleurs immigrés. Depuis plusieurs années, les responsables de la région Rhône-Alpes surveillaient les résidents, étrangers ou non, et collaboraient main dans la main avec la police.

Des journalistes ont révélé l'existence dans cette région d'un fichier informatique, illégal bien sûr, concernant les résidents. À côté du nom et de la nationalité (informations légales de la fiche de police que doit remplir tout nouvel arrivant) étaient mentionnés des qualificatifs comme " France naturalisé ", " France outre-mer " ou " France métropolitain ", manière d'éviter de préciser Noir ou Blanc. Ce fichier était ensuite remis tous les mois aux agents de la police de l'air et des frontières (PAF), chargée de contrôler l'immigration et de lutter contre le travail clandestin. Mais la collaboration ne s'arrêtait pas là, selon la presse. Les responsables de la Sonacotra signalaient par exemple à la police les résidents dont la carte de séjour était périmée. Les policiers n'avaient plus qu'à mettre à jour leurs propres fichiers et, éventuellement, à appréhender les travailleurs immigrés en situation irrégulière.

Le président de la Sonacotra, Michel Pelissier, préfet (et ancien directeur de cabinet de Pierre Mauroy, Premier ministre socialiste de 1981 à 1983), affiche une indignation de circonstance. Il feint de découvrir, aujourd'hui (alors qu'il est en place depuis octobre 1998), que le " logiciel permettait effectivement depuis 1987 de saisir l'origine des résidents, à des fins statistiques, pour savoir s'ils étaient naturalisés ou pas " et parle de " dérapages individuels " à propos des méthodes des dirigeants de la région Rhône-Alpes.

Mais de telles méthodes s'accordent parfaitement avec l'esprit qui a présidé à la création des foyers d'émigrés qu'on ose présenter comme des logements sociaux.

Loin d'être à " la pointe du logement social " (comme l'affirme la publicité de l'entreprise), la Sonacotra est surtout connue pour parquer, depuis qu'elle existe, dans des conditions particulièrement révoltantes, des dizaines de milliers de travailleurs immigrés : 70 000 environ pour un peu moins de 400 foyers répartis dans tout le pays dont bon nombre sont insalubres. Les chambres, louées au prix fort, ne font que quelques mètres carrés, sans même parfois le minimum de confort.

Dans les années 1970 et 1980, les luttes des résidents pour un logement digne et contre les hausses de loyers excessives en témoignent. A l'origine, en 1957, en pleine guerre d'Algérie, les foyers qui s'appelaient alors Sonacotral furent fondés sous les auspices du ministère de l'Intérieur pour regrouper les jeunes Algériens célibataires (d'où le " al " de la terminaison d'origine) dont nombre d'entre eux résidaient dans les bidonvilles, afin de mieux les surveiller, pour s'ouvrir ensuite, dans les années 1960, aux autres nationalités et devenir Sonacotra.

A l'époque, la Sonacotral avait fait appel à de nombreux officiers de l'armée en retraite ayant servi au Maghreb pour diriger les foyers... sous prétexte qu'ils avaient bien connu la population maghrébine ! Comme on peut le constater, le flicage des immigrés dans les foyers Sonacotra est une vieille histoire. Gageons que les dirigeants de la région Rhône-Alpes pour ne parler que de ceux qui se sont fait prendre, ont sans aucun doute bénéficié d'une " expérience maison " !

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