Conseil régional de Picardie : Hypocrisie des élus de gauche - le PC et le PS s'allient à Baur et font manifester pour demander... son départ !18/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1649.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Conseil régional de Picardie : Hypocrisie des élus de gauche - le PC et le PS s'allient à Baur et font manifester pour demander... son départ !

Vendredi 11 février, les conseillers régionaux du Parti Communiste et du Parti Socialiste unanimes, auxquels s'étaient joints ceux du MDC, ont voté le contrat de plan État-Région présenté par Charles Baur, le président du Conseil régional de Picardie. C'est pourtant le même Baur qui, pour se faire élire président en mars 1998, avait obtenu le soutien des onze élus du FN de Picardie, contre qui les partis de gauche réclamaient qu'on le mette en quarantaine politiquement. Le PCF et le PS avaient d'ailleurs appelé à de nombreuses manifestations pour demander la démission du même Baur.

Y compris ce 11 février 2000, à l'heure même où les conseillers PC et PS concluaient un pacte avec Baur à l'intérieur de l'Hôtel de région, tandis qu'à l'extérieur des manifestants, répondant à l'appel du même PCF et du même PS, étaient rassemblés sous une banderole demandant... la démission de Baur.

Cette alliance des élus de la gauche et de la droite au Conseil régional a des conséquences importantes. Même si chacun des signataires se félicitait dans les mêmes termes du caractère positif de ce plan État-Région. En effet, celui-ci concerne une part significative des prochains budgets de la Région, pour 7 ans, à hauteur de plus de 6 milliards de francs au total, soit 20 % du budget annuel de la Région. Les contrats de plan sont proposés par les différents présidents de Région à l'État en vue d'obtenir le financement de l'État sur des projets qui seraient normalement de la seule compétence de l'État et de son budget, mais qu'il se refuse à financer. Les Régions financent donc 50 % des projets dont une bonne part incomberait à l'État. Quand on parle de l'État, il faut entendre le gouvernement qui fait savoir ses choix par ses services dans la Région qui sont sous l'autorité du préfet de Région, lui-même aux ordres directs du gouvernement.

C'est Baur qui a donc présenté à l'État le projet de contrat de plan, qui est marqué - faut-il s'en étonner ? - par les priorités de son initiateur : l'essentiel est consacré à des aides directes ou indirectes en faveur du patronat, il avalise le transfert de l'argent public vers le portefeuille des privilégiés au détriment des besoins les plus urgents de la population laborieuse. Il ne pouvait en être autrement. L'État a avalisé ces choix. Les représentants de l'État et du gouvernement Jospin ont accentué les aides en direction des entreprises, et mis leur veto à quelques mesures en faveur des jeunes en difficulté et des chômeurs de longue durée, qui figuraient dans les propositions de Baur.

Les élus PCF et PS ont donc donné quitus aussi bien à Baur qu'à son projet. Il a suffi que le gouvernement donne son aval à cette alliance par l'intermédiaire du préfet de Région qui est venu devant le Conseil régional, une semaine auparavant, dire tout le bien qu'il pensait du contrat proposé par Charles Baur.

Les élus de Lutte Ouvrière ont dénoncé l'hypocrisie des élus de la gauche, et le mépris pour leurs propres militants. La situation a mis en évidence que la politique de Baur, de la droite et celle du gouvernement et de ses représentants régionaux étaient exactement les mêmes, et qu'elles se traduisaient par la mise à mal de tous les services publics.

Les élus PC et PS avaient beau dire qu'ils approuvaient le projet et pas l'homme, il n'y a qu'eux qui pouvaient voir la différence. Même l'élu des Verts a tenu à protester publiquement en séance contre cette alliance ouverte et le ralliement de la gauche à Baur, et du coup s'est prononcé contre ce contrat de plan. Les trois élus Lutte Ouvrière ont évidemment voté contre.

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