Violence à l'école : Quand Allègre joue à l'ogre04/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1647.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Violence à l'école : Quand Allègre joue à l'ogre

Dans la deuxième phase de ce qu'Allègre appelle son plan " antiviolence ", il est précisé que désormais il faudra saisir les incidents en temps réel. Sauf que n'importe quel enseignant sait que dans les établissements tout est fait pour minimiser, voire carrément pour occulter nombre de ces incidents afin de ne pas en alourdir les mauvais effets... statistiques.

De même l'adjudant en chef qui trône au ministère de l'Education nationale prône des pratiques qu'il prétend nouvelles en matière de discipline et d'échelle des sanctions. Mais cela fait belle lurette que ce que propose Allègre est au coeur de la réflexion et de la pratique des enseignants. De la même façon, il dit vouloir réintroduire la morale dès la maternelle. Comme si les personnels avaient attendu les " innovations " d'Allègre pour intervenir dans ce sens, sans pour autant en faire des leçons de morale ou de catéchisme laïque. D'ailleurs comment pourraient-ils faire autrement, devant 20, 30, élèves, voire plus, qu'il faut bien essayer de faire vivre en commun ? Ils n'ont nul besoin des plates recommandations ministérielles. Sauf que, s'il suffisait de discours moralisants pour changer les choses, cela se saurait. D'ailleurs Allègre devrait s'en être aperçu, depuis le temps qu'il pontifie sans convaincre à la télé...

Par ailleurs Allègre se prononce pour une intervention systématique de la police dans les établissements scolaires en cas d'incidents. Qu'il commence par veiller à ce que la surveillance de la traversée des passages cloutés de l'ensemble des sorties d'établissements soit assurée. Mais là encore il est à côté de la plaque. On peut imaginer l'efficacité d'une intervention policière dans les établissements scolaires en comparant avec ce qu'elle produit dans les quartiers dits chauds.

Le ministre de l'Education a, dans le même cadre, annoncé l'embauche de 7 000 personnes supplémentaires. Certes, comme il le dit lui-même, il est nécessaire qu'il y ait beaucoup plus d'adultes dans les établissements scolaires. Mais alors pourquoi des dizaines de milliers de professeurs, d'instituteurs, d'agents d'entretien ne sont- ils pas remplacés durant de longues semaines lorsqu'ils sont malades ? Sans compter que les chiffres que propose Allègre sont dérisoires, sans commune mesure avec ce qui serait nécessaire et urgent dans l'immédiat.

Allègre a voulu apparaître tout en muscles, développant le discours sécuritaire d'un Père fouettard, pour impressionner ceux qui ignorent tout des problèmes et des difficultés que rencontrent les enseignants sur le terrain.

Son plan antiviolence-bis sera tout aussi inopérant que le précédent. Car il y manque l'essentiel, les moyens financiers nécessaires, à la fois pour combler l'immense retard, mais aussi pour faire de l'Education nationale l'outil efficace pour instruire toute la jeunesse. Et faute de cela, la situation ne fera qu'empirer.

Cela ne semble guère inquiéter Allègre qui n'a semble-t-il qu'une seule ambition, celle de gagner du temps, en ajoutant les discours aux discours.

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