Brasserie Heineken (Mons-en-Baroeul, Nord) : Avec Heineken, il faut faire pression04/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1647.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Brasserie Heineken (Mons-en-Baroeul, Nord) : Avec Heineken, il faut faire pression

La brasserie Heineken, à Mons-enBaroeul, dans la banlieue lilloise, compte un peu plus de 450 salariés et de nombreux intérimaires, jusqu'à 150 en période « haute » l'été.

La direction avait décidé d'embaucher en CDI 15 d'entre eux seulement, alors que beaucoup d'autres travaillent depuis 5 ou 10 ans dans l'entreprise. Face au mécontentement des intérimaires, la direction a réagi en mettant fin à leurs contrats. Bien évidemment cette provocation a été très mal accueillie!

Le directeur de l'usine a refusé de recevoir la délégation des intérimaires et, aux journalistes, il a déclaré: «Les ouvriers sont très bien traités: ils gagnent en moyenne 164 000 F brut pour 36 heures de travailpar semaine en moyenne, et 40 heures en été. Dans ces conditions, beaucoup de gens souhaitent être embauchés! » Et avec sa morgue habituelle, il a poursuivi en disant « qu'il ne pouvait pas embaucher quelqu'un sachant àpeine lire et écrire! » Comme si ces intérimaires n'assumaient pas leur travail depuis des années!

En tout cas, lui ne sait pas lire une fiche de paie, du moins pas celle des ouvriers. Des intérimaires ont montré à la presse leurs fiches de paie et leurs déclarations d'impôts: 97 766 F sur l'une d'elles! Le salaire annuel des machinistes dépend du nombre d'heures supplémentaires et de la prime d'équipe et n'atteint pas, loin de là, le chiffre inventé par le directeur!

De plus, à la brasserie Heineken, comme dans beaucoup d'entreprises, les intérimaires ne remplacent pas des salariés embauchés, mais assument des postes de travail qui n'ont pas de titulaires et donc sur lesquels ils devraient être embauchés.

Mardi 18 janvier, des intérimaires se sont rassemblés devant les grilles de l'usine pour réclamer leur embauche. Mais ils n'ont même pas été reçus, le directeur proposant de les rencontrer un par un... La ficelle était un peu grosse, les intérimaires ne voulaient pas se diviser. Comme dit l'un d'entre eux, « l'union, c'est laforce ».

Ils se sont organisés en « Collectif des Exclus de Heineken » et n'ont pas l'intention de baisser les bras. '

Mercredi 26 janvier, les intérimaires manifestaient à nouveau devant l'entreprise, rejoints par les salariés qui ont débrayé très largement à l'appel des syndicats CGT, CFDT et CGC (plus de 300 sur les 3 équipes ont cessé pendant une heure le travail), profitant de l'occasion pour protester contre le projet d'accord sur les 35 heures à la sauce patronale. Car la direction ne prévoit pas d'embauches, veut accentuer encore la flexibilité et tente de supprimer des jours de congé.

En quelques années, avec des suppressions d'emplois, la productivité a été multipliée par 6 et la direction de Heineken espère bien sûr pouvoir continuer dans cette voie pour augmenter ses profits.

Mais, à ce rassemblement de plus de 200 personnes devant l'entreprise, l'ambiance était au beau fixe. Tout le monde était content de se retrouver, tous ensemble, embauchés et intérimaires. Alors il faut que la mobilisation s'amplifie.

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