Le travail précaire alimente la misère14/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1644.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le travail précaire alimente la misère

Selon des statistiques récentes du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, le recours aux intérimaires est en augmentation de 26,6 % en un an et a touché 454 000 travailleurs (chiffres de 1998). L'emploi salarié à temps partiel représente désormais 17,7 % des emplois salariés du secteur privé. Enfin, le nombre des CDD a augmenté de 150 000 en quatre ans. Tout cela contribue à faire grandir l'emploi précaire.

Si les employeurs ont moins recours à l'intérim en région parisienne, la progression dépasse 20 % dans la plupart des régions. L'industrie, qui fait reposer 6 % de son volume de travail sur l'intérim, utilise plus de la moitié du volume de travail temporaire ; une utilisation qui s'est accrue de 28,6 %.

L'appel aux intérimaires a augmenté de façon importante également dans l'automobile, la chimie, le caoutchouc et les matières plastiques. La durée moyenne d'une mission d'intérim, en hausse, frise les deux semaines. Il s'est accru de 30 % dans le secteur dit tertiaire, notamment grâce à la progression du nombre des intérimaires dans le secteur des transports. Mais tout cela se fait au prix d'une augmentation des risques d'accidents du travail et de mauvaises conditions de travail.

Dès lors que l'on travaille sur une base de 32 heures on rentre dans la catégorie du travail à temps partiel. Des entreprises comme les grands magasins, les Galeries Lafayette ou leurs concurrents les plus connus par exemple, embauchent systématiquement sur la base d'un contrat de 32 heures. En conséquence, même si la proportion des contrats les plus courts (de 16 à 18 heures) a sensiblement diminué, la grande majorité des employés dans ce secteur qui comporte surtout de la main-d'oeuvre féminine n'atteignent même pas la rémunération de 5 000 F brut.

Les emplois de courte durée et aux horaires partiels, destinés principalement aux femmes, aux jeunes et à ceux qui n'ont guère de qualification, concernent de plus en plus les travailleurs aux revenus les plus bas et dont le niveau de vie est le plus faible. Les trois quarts des emplois à bas salaires sont d'ailleurs des emplois à temps partiel. De 1984 à 1995, le travail à temps partiel a d'ailleurs sensiblement contribué à l'appauvrissement des familles les plus démunies.

Mais la misère croissante des uns peut faire le bonheur des autres, en l'occurrence les employeurs. Les incitations à l'embauche des catégories les plus démunies mises en place en 1998 par le gouvernement ont eu pour effet que neuf salariés sur dix, embauchés dans ce cadre, l'ont été avec un salaire inférieur à 1,3 SMIC, ce qui a permis aux patrons embaucheurs de cumuler à la fois le bénéfice de l'abattement en faveur du travail à temps partiel et celui de la ristourne dégressive sur les bas salaires. Qui dit mieux ?

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