Écoles : Le temps n'est pas le seul responsable des dégâts14/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1644.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Écoles : Le temps n'est pas le seul responsable des dégâts

388 établissements scolaires ont été endommagés par les récentes tempêtes au point que la rentrée y a été différée. Dans ce nombre, les dégâts les plus graves ont principalement touché les établissements scolaires les plus récents, comme en Ile-de-France dans plusieurs lycées bâtis dans les années 90, jusqu'au cas du collège Paul-Klee de Thiais dans le Val-de-Marne inauguré à la Toussaint. On imagine sans peine les conséquences dramatiques si la tempête avait éclaté alors que les élèves étaient en cours.

Du coup, Allègre, ministre de l'Éducation nationale, a déclaré qu'" il est effectivement étonnant de voir un bâtiment tout neuf dont le toit a été arraché alors qu'un peu plus loin une construction plus ancienne a bien résisté ". Et de se demander " s'il ne fallait pas revoir les normes de construction des bâtiments publics ". Quelle clairvoyance ! Mais il se défausse ainsi sur le ministère de l'Équipement et les collectivités territoriales comme si, dans cette histoire, il était au-dessus de la mêlée, en observateur qui distribue les bons et les mauvais points aux autres.

Ne voulant probablement pas être en reste, son compère Huchon, président socialiste du Conseil régional d'Ile-de-France, a ajouté sa propre explication : " Ces destructions n'ont rien à voir avec la période de construction, mais plutôt avec l'orientation des bâtiments par rapport au souffle de la tempête ". Et avec l'âge du chef d'établissement ?

N'empêche qu'une bonne partie du personnel de l'Éducation nationale, lui, ne voit pas là le hasard ainsi qu'en témoigne un professeur, membre du conseil d'administration du collège Georges-Rouault dans le 19e arrondissement de Paris, détruit après qu'une partie de la toiture a été arrachée : " Ce qui devait casser a cassé. Il y a une dizaine d'années, le toit du bâtiment avait déjà subi des intempéries et c'est la même partie qui a été concernée cette fois. De même, à la dernière rentrée, nous avions trouvé de l'eau dans les salles de classe du deuxième étage, aujourd'hui de nouveau inondées. Et nous avons découvert ces jours-ci que seul un placoplâtre de quelques centimètres d'épaisseur nous séparait de la charpente. "

Nombre d'établissements sont logés à la même enseigne et subissent les méfaits des mesures d'économies qui prévalent depuis des années sur le budget dans l'Éducation. Comme dans les hôpitaux, les transports, c'est-à-dire dans tous les services publics essentiels à la population, le gouvernement, dont Allègre est membre, applique sans état d'âme une politique de restrictions budgétaires qui ne laisse qu'une portion congrue, entre autres pour la construction, la rénovation et l'entretien des bâtiments publics, qui n'interviennent bien souvent que pour parer au plus pressé. D'où des coûts calculés au plus juste, des constructions faites à la va-vite, sans parler des détournements de fonds auxquels ces contrats donnent lieu, pour arroser des partis ou des hommes politiques.

Et il est plus probable que cette politique a contribué à aggraver les effets de la tempête. Car c'est " après moi, le déluge " et quand le déluge arrive, on sort l'autre vieille recette : mettre en place des commissions d'étude, avant de continuer, une fois l'émoi retombé.

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