Renault - Le Mans : Vendredi 7 janvier, tous au tribunal07/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1643.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault - Le Mans : Vendredi 7 janvier, tous au tribunal

Vendredi 7 janvier, au tribunal de grande instance, 46 travailleurs de Renault Le Mans devaient passer en correctionnelle sur plainte de la direction. Il leur est reproché d'avoir soi-disant " séquestré " deux cadres qui voulaient licencier un ouvrier malade et hospitalisé.

Le 23 novembre dernier au département 85, plusieurs dizaines de travailleurs avaient débrayé le matin à 9 heures pour aller interrompre un CHS-CT où se trouvait la direction du département pour lui demander d'annuler la procédure de licenciement à l'encontre de leur camarade de travail. Devant l'intransigeance de la direction, la grève continua toute la journée et l'équipe d'après-midi prit le relais. Dans le courant de l'après-midi, des travailleurs d'autres secteurs de l'usine se mirent en grève et vinrent prêter main-forte au 85.

En début de soirée, des cadres menés par le sous-directeur vinrent pour " libérer " leurs acolytes licencieurs, avec un huissier qui prit les noms d'un certain nombre d'ouvriers grévistes.

Le lendemain, lors d'un CE mouvementé, le directeur traita les grévistes de la veille de "voyous ", de " bandits " et de " terroristes " et annonça qu'une plainte allait être déposée en justice pour " ramener le calme à l'usine " (voir LO n° 1639). Et lundi 6 décembre des huissiers vinrent sonner aux portes de 46 d'entre nous, parfois à 21 heures le soir, pour délivrer les assignations en correctionnelle.

En fait cette histoire de pseudo-" séquestration " n'est qu'un prétexte. La direction n'a pas supporté que des travailleurs aient osé s'opposer à sa décision de licencier un travailleur malade et jugé non rentable. C'est pourquoi elle se venge et traîne en justice 46 d'entre nous " pour l'exemple " afin de tenter d'intimider l'ensemble des salariés de l'usine. D'un autre côté, c'est une occasion pour la direction de s'en prendre à la CGT dont la quasi-totalité des travailleurs assignés font partie.

Cette attaque de Renault se situe aussi dans un contexte local particulier : en effet l'UD-CGT de la Sarthe vient d'être condamnée à verser plusieurs centaines de milliers de francs de dommages à un petit patron de combat pour l'aide apportée aux grévistes de son entreprise, les Ambulances Mancelles. Pour l'heure, la mobilisation s'organise chez Renault : pétitions, affichage des photos des 46 assignés ainsi que celles des " mouchards " de la direction (les cadres qui ont donné les noms à l'huissier) et appel à la grève pour le vendredi 7 janvier.

Un grand rassemblement est aussi prévu devant le tribunal du Mans à partir de 11 h 30, à l'appel de la CGT, d'autres syndicats et de partis politiques. Des appels à la grève ont été lancés dans d'autres entreprises que Renault. Et il est évident pour tous que la mobilisation de vendredi pèsera pour beaucoup dans la suite des événements.

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