Précarité, bas salaires...et profits en hausse : 21ème SIÈCLE ? Non, le capitalisme nous ramène au 19ème !07/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1643.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Précarité, bas salaires...et profits en hausse : 21ème SIÈCLE ? Non, le capitalisme nous ramène au 19ème !

" Feu d'artifice final pour les Bourses mondiales " : voilà quel était le grand titre d'un journal économique au dernier jour de l'année 1999. En France, 51,1 % d'augmentation des valeurs boursières en une seule année ! Cela signifie que la fortune des gros actionnaires, des propriétaires d'entreprises a augmenté d'autant...

Signe de bonne santé économique, expliquent les commentateurs. En bonne santé, une économie où cinq millions de femmes et d'hommes sont au chômage partiel ou complet ? Car le gouvernement ment lorsqu'il parle de diminution du chômage, alors que les grandes entreprises continuent à supprimer des emplois dits stables, et que les emplois créés sont des emplois précaires.

En bonne santé, une économie où l'annonce d'un plan de licenciements est le meilleur moyen pour un patron de faire augmenter le prix des actions de son entreprise ? Pour enrichir donc une poignée de riches parasites, on accroît le nombre de ceux qui sont condamnés au chômage ou à la précarité, et on impose à ceux qui restent plus de travail, des cadences plus dures et des horaires au gré du patron.

En bonne santé, une économie où les salaires stagnent depuis des années et où, du fait de la précarité et du travail partiel imposé, se généralisent des salaires à peine supérieurs au RMI ? En bonne santé, une économie où ceux qui gouvernent se réjouissent que les riches aient augmenté leur fortune de 50 % en un an et jettent cyniquement aux RMIstes ou aux chômeurs en fin de droits une augmentation de 2 %, c'est-à-dire 50 F par mois ?

En bonne santé, une économie où même dans un pays réputé parmi les plus riches, des centaines de milliers de femmes et d'hommes sont condamnés chaque hiver aux Restos du coeur, et quelques-uns à mourir de froid faute de logement ? Et où, à l'échelle de la planète, quelques individus disposent de plus d'argent que des millions d'autres, condamnés à la faim ?

Après la tempête, même les politiciens et les médias les plus vendus au grand patronat ont lancé des coups de chapeau à ces travailleurs des services publics, de l'EDF, de la SNCF, de l'Equipement qui se sont dépensés sans compter pour que l'électricité soit rétablie partout, les routes dégagées et pour que les trains roulent de nouveau. Mais tout au long de l'année, c'est au détriment des services publics que l'Etat fait des économies pour avoir de quoi arroser le patronat de subventions, d'aides et d'allégements fiscaux. Au lieu d'embaucher massivement là où ce serait utile pour toute la société, on réduit les effectifs dans les transports comme dans les hôpitaux, à l'EDF comme chez les pompiers.

Pour un instant, les dégâts de la tempête ont rappelé que ni l'électricité, ni les transports ne fonctionnent sans les travailleurs qui posent, entretiennent et réparent les lignes et les rails, ceux qui font marcher les centrales électriques comme les trains. Mais il en est ainsi de toute l'économie. La société pourrait se passer des boursicoteurs, des actionnaires et de toute la valetaille payée pour chanter les vertus de l'économie du profit, mais elle ne peut pas se passer de ceux qui travaillent, qui produisent, qui bâtissent, qui font marcher les usines comme les banques et qui créent pour d'autres des richesses dont eux-mêmes sont privés.

Leur économie n'est en bonne santé que pour les propriétaires de capitaux, pour les patrons, pour les industriels et les banquiers, pour ceux qui s'enrichissent de l'exploitation et de la misère des autres, pour ceux qui, comme Total, prennent consciemment le risque de polluer la planète pour faire un peu plus de profit. Mais, du point de vue de la population laborieuse, du point de vue de la société, c'est une économie injuste et folle où seul compte le profit, mais pas les hommes.

Alors, si nous avons un voeu à formuler pour le futur, c'est que les travailleurs retrouvent confiance en eux-mêmes, conscience de leurs propres forces et qu'ils retrouvent leur capacité de contester au grand patronat et au grand capital le pouvoir qu'ils exercent sur l'économie. Car le futur sera ce que nous le ferons.

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