Jospin et le nouveau millénaire07/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1643.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Jospin et le nouveau millénaire

A l'occasion des voeux du gouvernement au président de la République, Lionel Jospin s'est lancé dans un discours que certains ne manqueront pas de qualifier de radical, voire d'anticapitaliste.

" Le monde n'est pas qu'un marché, nos sociétés ont besoin de règles, l'économie doit être au service de l'homme et non l'inverse. " Que voilà de fortes paroles pour le sermon, non pas même du dimanche, mais du premier de l'an. Jospin ne met pas en cause TotalFina dans la catastrophe de l'Erika car, allant beaucoup plus loin, il dénonce sans complaisance les " vrais " responsables : " Le naufrage d'un pétrolier en bout de course a souligné les dangers d'une mondialisation débridée, mue par un capitalisme sauvage. Face à l'appétit souvent excessif des intérêts marchands, les droits de la personne humaine, la qualité de notre environnement et de nos ressources doivent être défendus. "

Ces bonnes résolutions laissent d'autant plus perplexe que Jospin prend pour modèle ce que son gouvernement a fait depuis deux ans : " Garantir la sécurité des Français, maîtriser les forces du marché, combattre les excès du libéralisme : c'est précisément dans cet esprit que le gouvernement travaille depuis deux ans et demi ", dit-il.

Et pourtant, il y a seulement quatre mois, il avouait ne rien vouloir faire contre Michelin qui annonçait des suppressions massives d'emplois. Sans doute n'y voyait-il nulle atteinte aux " droits de la personne humaine ". Quant aux coupes claires dans les services publics, santé, éducation, transports en commun, logements sociaux, est-ce là une façon de mettre l'économie " au service " de l'homme ? Quant à " défendre la qualité de notre environnement ", le gouvernement n'a strictement rien fait pour contraindre même la compagnie pétrolière française à prendre les dispositions nécessaires pour que les côtes n'aient pas à connaître encore une fois une marée noire catastrophique ; de même qu'il ne fera rien non plus pour obliger TotalFina à payer ce qu'il faut pour réparer les dégâts commis. Jospin prétend avoir mené " une politique économique et sociale ambitieuse et réaliste " et se montre très satisfait de son bilan. C'est provocant pour tous ceux qui sont au chômage sans espoir de retrouver rapidement du travail, pour tous les licenciés de l'année, pour tous ceux qui touchent des minima sociaux que le gouvernement refuse d'augmenter substantiellement.

Les discours humanistes de Jospin sont sans doute destinés à faire oublier l'action du gouvernement en faveur du patronat et des catégories les plus riches de la population. Plus Jospin fustige la mondialisation et le capitalisme sauvage, plus il est aux petits soins pour les capitalistes bien élevés qu'il fréquente. Plus il s'élève contre les excès du libéralisme, plus il encourage le libéralisme dit ordinaire. Plus il discourt sur la nécessité de faire du social, plus il se penche avec sollicitude sur la Bourse.

Dire une chose et faire son contraire, c'est bien toujours la caractéristique de nos gouvernants, de gauche comme de droite. Et de ce point de vue la nouvelle année commence bien comme l'autre avait fini !

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