Etats-Unis - syndicats : Une politique marquée par le chauvinisme17/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1640.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis - syndicats : Une politique marquée par le chauvinisme

Les syndicats de l'AFL-CIO ont appelé à manifester à Seattle contre l'Organisation mondiale du commerce pour protester contre les suppressions d'emplois. Cela est en ligne avec un des principaux aspects de la politique des syndicats face au changement rapide dans la situation de la classe ouvrière, qui a consisté à argumenter sur le fait que les " emplois américains " disparaissent au profit d'emplois dans des pays où les salaires sont plus bas. Réclamant des barrières douanières, les revendications des syndicats ont été entachées de patriotisme et de chauvinisme.

Ainsi, bien des manifestations organisées par les syndicats de travailleurs de l'automobile montraient une voiture japonaise que les travailleurs américains étaient appelés à détruire à coups de marteau. Plus récemment, les syndicats ont adopté un langage un peu plus " social ", réclamant, comme ils l'ont fait à Seattle, que finissent les terribles conditions de travail qui règnent dans certains pays : travail des enfants, travail des prisonniers, salaires de famine, entreprises où règnent la surexploitation, et pour qu'un code du travail soit incorporé dans tous les traités commerciaux. Ces prises de position à caractère un peu plus social ont trouvé un écho à Seattle, auprès de toute une série de petits groupes et d'organisations : écologistes, organisations caritatives, groupes d'étudiants. Mais les prises de position protectionnistes attirent aussi les groupes de l'aile droite, partisans de l'" Amérique d'abord "...

Quel que soit le vernis social que les syndicats plaquent sur leurs revendications, celles-ci, comme la manifestation elle-même, renforcent seulement l'idée que'il n'est pas possible pour les travailleurs américains d'améliorer leur situation aussi longtemps que la force de travail américaine rentre en compétition avec des produits réalisés dans des pays où les salaires sont bas. Ce n'est au fond qu'une autre face de l'argumentation de patrons, selon laquelle les emplois dépendent de la capacité des entreprises à devenir " compétitive " à l'échelle mondiale, c'est-à-dire de leur capacité à diminuer le coût de leur propre main-d'oeuvre.

En poussant les travailleurs à se tourner vers les mesures protectionnistes, les syndicats ne font rien pour s'opposer à cette idée fausse que le bien-être des travailleurs découlerait du bien-être des patrons. Et cela ne peut avoir pour conséquence que de laisser la classe ouvrière désarmée face aux attaques venant de leurs propres patrons exploiteurs.

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