A défaut de sécurité de l'emploi, la démagogie sécuritaire19/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1636.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

A défaut de sécurité de l'emploi, la démagogie sécuritaire

Les déclarations de Jospin sur l'impuissance du gouvernement à s'opposer aux 7 500 suppressions d'emplois chez Michelin avaient fait sensation. La famille Michelin qui avait, avec la complicité de plusieurs gouvernements, escroqué 5 milliards de fonds publics pouvait dormir tranquille, la police ne viendrait pas débarquer chez elle pour faire régner l'ordre et la sécurité bouleversés de milliers de familles ouvrières. Tout comme leurs comparses d'Alstom, de Renault, de Peugeot, d'Elf, d'HMR, de Rhône Poulenc, d'Alcatel... qui puisent dans les fonds de l'Etat comme dans leurs portefeuilles en jetant des dizaines de milliers de travailleurs à la rue et dans la misère.

Jospin, le 15 novembre dernier, a décidé d'aller faire la leçon non pas aux organisateurs de la misère mais à leurs victimes. Il n'a pas choisi le 16e à Paris ni Neuilly ou Rambouillet, il a choisi d'aller prendre le RER en direction de villes populaires de l'Essonne pour déclarer que l'insécurité était " une cause collective ". Rendant hommage à l'action de la police sur tous les tons et sous toutes les formes, il a tenu un discours destiné à plaire à tous les réactionnaires : " Il n'y a pas que des causes sociales à l'insécurité, il y a le comportement individuel de chacun " en précisant qu'il est nécessaire de recourir " à la répression quand elle est nécessaire ". Et pour que le message soit clair, il a tenu à la suite de cela à rendre visite, non pas aux éducateurs qui font ce qu'ils peuvent dans ces quartiers populaires sinistrés par le chômage mais aux CRS cantonnés dans une caserne à Vélizy. La sécurité collective assurée par les matraques des CRS, c'est bien tout un programme.

Et singeant Coluche, mais involontairement, Jospin a déclaré pour faire l'union magnifique de la sécurité et de la lutte contre le chômage : " Il convient de faire en sorte que des jeunes de tous les quartiers et de toutes les origines sociales soient encouragés à entrer dans la police nationale ". Plus il y aura de licenciements, plus il y aura de misère, plus il y aura comme de bien entendu de désespoir et des petits larcins en tout genre dans les quartiers ouvriers et... plus il y aura besoin de policiers que les jeunes de ces quartiers pourront rejoindre. C'est quand même formidable, un Premier ministre socialiste.

Quant à nous, d'une façon tout à fait primaire et sans trop d'humour, il nous semble urgent pour combattre la détresse matérielle et morale qui accompagne le chômage de masse, total ou partiel, de s'en prendre aux causes de celui-ci. Seulement pour cela il faudrait s'en prendre aux formidables profits des grandes mafias des grands industriels et banquiers, mais cela Jospin ne le peut pas, il est non seulement leur obligé, mais comme on dit dans le milieu, en tant que chef du gouvernement il est leur homme de main.

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