Cuba : Entre le régime de Castro et la menace bien plus terrible de l'impérialisme19/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1636.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cuba : Entre le régime de Castro et la menace bien plus terrible de l'impérialisme

Le IXe sommet ibéro-américain s'est ouvert le 15 novembre à La Havane, où se sont retrouvés notamment le roi Juan Carlos d'Espagne, le président de la République portugaise et divers pays latino-américains.

Le fait que le sommet se tienne à Cuba constitue un succès diplomatique pour Castro. C'est du coup un revers pour les Etats-Unis qui imposent l'isolement depuis près de quarante ans et désapprouvent jusqu'à présent toute reconnaissance implicite, que ce soit celle du pape ou du roi d'Espagne.

La secrétaire d'Etat américaine, Madeleine Albright, avait d'ailleurs adressé une lettre à divers chefs d'Etat conviés à ce sommet, dans laquelle elle signalait que le " gouvernement hôte (de ce) prochain sommet est le seul dictatorial du forum de coopération ibéro-américain ".

On notera que les Etats-Unis n'ont pas été gênés de soutenir l'Indonésien Suharto, parmi bien d'autres, qui ont fait, ou font encore, mille fois pire que tout ce que l'on peut reprocher à Castro. Madeleine Albright dans sa lettre demande aux délégations étrangères de s'afficher " ouvertement et publiquement " avec les opposants religieux ou politiques. Mais les dirigeants américains qui cherchent à patronner en ce moment l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce ne se " réunissent pas ouvertement et publiquement " avec les opposants chinois !

Le régime de Castro impose une dure férule à tous ses opposants, de quelque bord qu'ils soient, y compris ceux qui critiquent son régime sur sa gauche. La répression contre eux va des tracasseries administratives, entre autres la mise en résidence surveillée ou, pire, des peines de prisons, au motif, vrai ou fabriqué, que les accusés seraient à la solde des Etats-Unis. Mais les professeurs de démocratie, du roi d'Espagne, Juan Carlos, qui n'eut pas la même intransigeance lorsque le " démocrate " Franco imposait sa dictature dans son pays et en avait fait en 1975 son successeur officiel, aux représentants du gouvernement des Etats-Unis, instigateurs et soutiens d'un nombre qu'on a du mal à apprécier de dictatures, sont bien mal placés pour faire la leçon en la matière.

En fait ça n'est pas le droit du peuple cubain à se diriger lui-même et à contrôler ses dirigeants que ces bonnes âmes veulent établir à Cuba, mais la dictature du marché, le pouvoir des puissances d'argent qui, derrière un paravent démocratique (pas toujours d'ailleurs, le passé de Cuba avant l'arrivée des castristes au pouvoir en est la sinistre illustration) imposent une dictature subie par les pauvres. Déjà la " dollarisation " de l'économie fait sentir ses effets à Cuba, creuse les inégalités de façon flagrante. Les difficultés dues à quelque trente-huit années d'embargo imposé par les Etats-Unis, qui n'a rien de démocratique et qui piétine les droits de l'homme, puisqu'elle prend la population en otage, fait sentir ses effets. L'éducation et la santé publique, légitime fierté du régime, en subissent les conséquences.

Il n'est pas exclu que ce sommet de La Havane soit une étape, par chefs d'Etats et de gouvernements interposés, dans la reprise des relations américano-cubaine, et vers la levée de cet embargo inique. Mais, si cela se fait, ce serait aux conditions qu'impose la dictature impérialiste sur les pays pauvres, c'est-à-dire au détriment de la liberté réelle et du niveau de vie de la population pauvre à Cuba.

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