Corée du Sud : Des militants syndicaux affrontent la répression19/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1636.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Corée du Sud : Des militants syndicaux affrontent la répression

En décembre 1997, l'élection à la présidence de la Corée du Sud de Kim Dae Jung, ancien opposant à la dictature, qui fut victime lui-même de la répression, a souvent été présentée comme une avancée vers la démocratie, dans un pays touché de plein fouet par la crise financière.

En fait, la répression antiouvrière n'a pas cessé. La police a continué de s'attaquer aux grévistes et, comme l'indique Amnesty International, après deux lois d'amnistie l'année dernière, il restait encore 660 prisonniers politiques, rejoints par des étudiants, des ouvriers parmi lesquels des centaines de militants syndicaux. Libération apporte le témoignage d'une militante du syndicat KCTU, âgée aujourd'hui de 30 ans, qui a été licenciée d'une usine d'assemblage de semi-conducteurs de 3 000 personnes, dans la région de Séoul : " Dès que je parlais à une employée non syndiquée, la direction le savait et exerçait des pressions sur cette personne. Si j'invitais quelqu'un chez moi, elle le savait aussi. J'étais sous surveillance permanente. Mes amies finissaient par se méfier de moi. En général, la direction organisait un jour leur transfert dans d'autres usines du groupe. Ma photo était systématiquement montrée aux nouveaux à qui on conseillait de m'éviter ! ".

Cela n'a pas empêché que, quand la direction annonça des suppressions d'emplois et convoqua des ouvrières pour leur faire accepter une mutation, la grève fut décidée. Le licenciement de trois syndicalistes en fut la raison immédiate. Neuf jours plus tard, les forces de l'ordre intervenaient : " A cinq heures du matin, six cents policiers ont fait irruption dans l'usine et nous ont mis les menottes. Nous avons tenté de résister et nous nous sommes même battues ", explique la militante qui fut alors arrêtée avec plusieurs autres travailleuses. " J'ai passé cinquante jours dans une cellule lugubre d'à peine 10 mètres carrés avec seize autres filles ", ajoute-t-elle.

La répression est à la hauteur de la crainte qu'inspire la classe ouvrière qui a à son actif de nombreuses grèves contre les licenciements massifs décidés par le patronat en accord avec le gouvernement et le Fonds monétaire international.

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