Accord commercial entre la Chine et les États-Unis : Rivalités inter-impérialistes et menaces pour la population chinoise19/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1636.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Accord commercial entre la Chine et les États-Unis : Rivalités inter-impérialistes et menaces pour la population chinoise

A en croire les commentateurs, c'est un " accord commercial historique " qu'auraient conclu les Etats-Unis et la Chine le 15 novembre.

Il est vrai que cela faisait pas moins de 13 ans que ces négociations commerciales sino-américaines traînaient, c'est-à-dire depuis qu'en 1986, les dirigeants chinois ont formellement demandé leur admission comme partenaires à part entière dans les instances commerciales internationales (à l'époque dans le cadre du traité du GATT, devenu aujourd'hui l'Organisation mondiale du commerce, ou OMC).

La première condition pour l'admission de la Chine était, bien sûr, l'accord du principal maître du jeu sur le marché mondial, l'impérialisme américain. Or celui-ci comptait bien marchander son soutien contre de substantiels avantages au profit de ses propres multinationales et, comme il se doit, au détriment de celles des impérialismes rivaux.

D'où ces interminables négociations, marquées à la fois par la volonté des dirigeants chinois de ne pas céder trop de terrain face au chantage de leurs homologues américains, mais bien plus encore par les avatars de la politique intérieure américaine. Car bien souvent ces négociations ont servi d'enjeu politicien dans le conflit opposant Clinton au Sénat américain à majorité républicaine, prompte à brandir l'épouvantail du " communisme " chinois - même si les dirigeants chinois ont largement fait la preuve de leur adhésion aux " vertus " du marché capitaliste.

Ce sont donc ces négociations qui se concluent. Sur le papier, l'accord se traduit par une série d'engagements de la part de la Chine de réduire en partie et progressivement les divers obstacles existant à l'importation de marchandises et d'ouvrir peu à peu son marché financier aux banques et compagnies d'assurances étrangères. La contrepartie de ces concessions paraît faible, puisqu'elle se limite surtout à l'acceptation de délais par les USA ainsi qu'à la suppression des quotas d'importations affectant les textiles chinois aux USA, mais pas avant 2005. Il est vrai que la vraie contrepartie, et le seul but véritable de ce marathon pour les dirigeants chinois, était le soutien des USA à leur adhésion à l'OMC, ce qu'ils ont, en principe au moins, obtenu par cet accord.

Cela ne veut pas dire pour autant que la Chine sera d'emblée agréée comme membre de l'OMC. La règle veut que les pays candidats ne puissent adhérer qu'après avoir conclu des accords bilatéraux avec ceux des membres de l'OMC qui le réclament. Or le plus gros " morceau " restant, après les USA, est l'Union européenne, dont les négociations avec la Chine sont pour l'instant au point mort. En plus des concessions déjà faites aux Etats-Unis, les leaders des impérialismes européens en voudraient d'autres, au profit de leurs propres multinationales, par exemple la fin du monopole d'Etat sur le pétrole et la soie et un assouplissement des contrôles sur les investissements étrangers dans l'électronique.

Derrière tous ces marchandages, il y a bien sûr les rivalités entre puissances impérialistes qui, derrière leur " alliance " au sein de l'Organisation mondiale du commerce, n'en cherchent pas moins chacune à se ménager le meilleur accès possible au marché chinois.

Non pas d'ailleurs que ce marché chinois soit le mirifique eldorado dont font état les commentateurs au service de la bourgeoisie. Même le correspondant à Pékin d'un journal aussi pro-capitaliste que Les Echos est bien forcé de reconnaître, dans son numéro du 15 novembre, que le marché intérieur chinois est en crise : on y produit trop pour un pouvoir d'achat local trop limité, d'où l'accumulation de stocks qui poussent les prix à la baisse. D'ailleurs les grandes entreprises occidentales, celles de l'automobile en particulier, ont déjà eu l'occasion de s'en rendre compte. Après s'être toutes précipitées pour occuper le terrain en installant des usines de montage avant leurs rivales, elles ont rapidement dû réduire leur production voire revendre leurs usines faute d'acheteurs.

En fait, en dehors d'une très petite minorité privilégiée et d'une petite bourgeoisie peu nombreuse et bien pauvre suivant les critères occidentaux, il n'y a guère de marché intérieur qui puisse générer des profits substantiels pour l'impérialisme.

En revanche, il y a une industrie et des monopoles d'Etat sur les ressources naturelles qui, s'ils étaient privatisés, et à condition de n'en garder que les installations les plus profitables, pourraient devenir des cibles rentables pour ces fameux " investissements " étrangers qui sont censés, à entendre les commentateurs, amener un jour la Chine au tout premier rang de l'économie mondiale. Mais ces " investissements " prédateurs ne feront que servir de véhicules au pillage de la Chine et à l'exploitation de sa population par les multinationales des puissances impérialistes.

C'est cela que les leaders impérialistes, en plein accord avec une bourgeoisie chinoise déterminée à reprendre sa place sur le marché mondial - même si ce n'est qu'une place de bourgeoisie de pays pauvre - sont en train de négocier sur le dos de la population chinoise.

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