Région Centre : Contrôle des aides au patronat... cause toujours !12/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1635.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Région Centre : Contrôle des aides au patronat... cause toujours !

Dire que les aides accordées aux entreprises le sont sans contrôle n'est pas tout à fait juste. En Région Centre, il existe même une Commission Régionale de Contrôle et d'Évaluation des Fonds Régionaux accordés aux entreprises, créée à l'initiative d'un élu du Parti Communiste en 1994, quand la Région était dirigée par la droite. Celle-ci est passée à gauche en 1998 (avec Sapin, ex-ministre PS, à la présidence).

Cette commission réunit des élus au Conseil régional de tous bords, dont notre camarade Jean-Jacques Prodhomme, élu de Lutte Ouvrière, ainsi que des membres du Conseil Économique et Social Régional (syndicalistes employeurs et salariés).

Elle est présentée comme le nec plus ultra de la vigilance de la Région. Elle peut être informée sur le suivi des aides, et formuler avis et observations. Mais depuis sa création, il y a donc 5 ans, elle s'est réunie... 4 fois !

On nous présente comme un progrès le fait que, pour la première fois, on ait rendu publique une liste des entreprises aidées par la Région dans le cadre du FERI, avec le suivi des créations d'emplois. Oui, c'est un progrès, à condition de faire sien le proverbe : " Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ! "

En effet les élus se retrouvent, en 1999, en train d'examiner la validité des engagements pris par les entreprises en matière d'emploi... entre 1991 et 1995 !

Et la commission ne peut que constater que la quasi-totalité d'entre elles ont obtenu le " quitus ", c'est-à-dire l'aval de la nouvelle majorité. Pourtant, beaucoup ne résistent pas à l'examen, pour peu que l'on se donne la peine de s'informer auprès des travailleurs ou des syndicalistes des entreprises concernées.

Notre camarade, élu en Région Centre, est intervenu sur cette question, en citant une série d'exemples devant une assemblée gênée :

" Un premier exemple cité par les représentants de la CGT au CESR : la société AXIOHM dans le Loiret a perçu 1,5 million de francs pour créer 250 emplois. Elle en a créé en réalité 207 mais cette entreprise s'est mise en place avec d'anciens salariés d'IBM, pendant qu'IBM procédait à des centaines de licenciements. Solde négatif !

(...) Montargis Électronique a touché 1,5 million et annonce 187 emplois créés contre 185 prévus. Il s'agit en réalité de l'entreprise CIT Alcatel qui a compté jusqu'à 1 500 salariés, et encore 300 il y a 2 ans. Nous en sommes aujourd'hui à 137 salariés, ce qui fait 163 emplois de moins qu'il y a 2 ans.

Les parfums Christian Dior / LVMH ont perçu 3 millions de francs de la Région pour 82 emplois créés. Mais aujourd'hui, en même temps que des profits fabuleux, ils annonçent un plan de 400 licenciements.

(...) L'entreprise PICA à Vierzon, liée au groupe Vivendi, a reçu le quitus pour les 700 000 F de prêts et de subventions apportés par la Région en 1994, au motif qu'elle aurait créé 30 emplois pour 24 prévus. C'est peut-être vrai mais aujourd'hui cette entreprise annonce 26 licenciements. On peut donc affirmer que la Région a versé ces aides à fonds perdus. "

Par ailleurs, dans le document présenté à la commision, on répète que les informations collectées par la Banque de France sur la situation des entreprises aidées doivent " respecter les critères de confidentialité ". Ce serait pourtant la moindre des choses que, lorsque l'on distribue de l'argent public, la plus grande transparence soit de mise.

Alors, comme l'a dit encore notre camarade, " avec ce dossier "contrôle des aides économiques attribuées par la Région", nous voilà au pied de la montagne. Et force est de constater que cette dernière a accouché d'une souris. "

Car, commission de contrôle ou pas, les aides continuent à pleuvoir, et pas auprès de ceux qui en ont le plus besoin : André, Georges Monin, Harry's, Lachartre, Schlumberger, Sextant Avionique, Volabraye, etc. Et l'on constate bien souvent que les emplois promis en échange sont plus ou moins bidons (transformation de CDD ou d'intérimaires déjà dans l'entreprise en CDI, redéploiements, etc.) ou supprimés peu après par des vagues de licenciements !

C'est bien un problème de choix politique. Les élus de droite, mais aussi de gauche, qui sont de fervents partisans de ces aides, font semblant de croire qu'elles ont un effet positif pour l'emploi ! Pourtant, cela fait des années, sous les différentes majorités qui se sont succédé, qu'elles ont fait et refait la preuve de leur inefficacité !

Si l'on voulait réellement s'attaquer au chômage, il faudrait commencer par abolir l'ensemble de ce système d'aides publiques (dont les aides directes ici " contrôlées " ne sont que la partie visible de l'iceberg) !

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