Renault (Flins, 78) : Pour la prime et contre l'allongement des horaires, en grève !05/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1634.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault (Flins, 78) : Pour la prime et contre l'allongement des horaires, en grève !

Depuis jeudi 28 octobre, un mouvement de grève a touché tous les secteurs de production de l'usine de Renault Flins.

Parti le matin du Montage sur une question d'accroissement de la charge de travail, le dé- brayage s'est étendu à la Tôlerie, aux Presses, puis à l'équipe d'après-midi, où il a touché encore de nouveaux secteurs, comme la Peinture.

Les raisons de la colère

Dans un climat de mécontentement accumulé, ce qui a fait déborder le vase, c'est que, lors d'une réunion de délégués, la direction a laissé entendre qu'elle ne verserait pas en novembre l'avance sur la prime d'intéressement. Cela représente environ 2 500 F que tout le monde attendait. D'autant que tout le monde sait que les bénéfices sont en augmentation, Renault annonçant récemment qu'ils étaient de 4,7 milliards pour le premier semestre 1999 ; mais, selon la direction, la fermeture de plusieurs usines Nissan et la suppression de 21 000 emplois " l'obligeraient " à faire des réserves de trésorerie.

Loin de provoquer l'effet " anti-Japonais " qui entrait sans doute dans le calcul de la direction, son culot a fait éclater un ras-le-bol accumulé depuis longtemps.

Dans tous les secteurs, les conditions de travail se sont en effet aggravées systématiquement depuis plusieurs années suite à la politique de la direction de supprimer de nombreux postes et d'augmenter en conséquence les cadences et la charge de travail. Depuis six ans la direction a supprimé le temps de repas, à l'occasion de la mise en place d'une troisième équipe de production. En 1998, c'est l'application de la " variabilité " (la loi Aubry avant la lettre en quelque sorte) qui a bouleversé les horaires, rallongé le temps de travail et raccourci les temps de pause. A présent, à partir du 2 novembre, en application des accords locaux liés à cette prétendue loi des 35 heures, une période dite intermédiaire a été mis en place où les équipes sortent encore plus tard, 20 h 55 au lieu de 20 h 45. De 5 minutes en 10 minutes, les horaires sont donc plus longs qu'au début des années 1980 !

C'est pourquoi nous étions plusieurs centaines par équipe à cesser le travail. Sur 8 000 salariés au total, y compris les intérimaires, ce n'est pas la majorité, même si nous ne sommes jamais plus de 4 000 présents en même temps. Mais l'effectif des travailleurs directement informés de la grève ne dépassait pas pour l'instant 1 500 personnes par équipe.

Et bien que la direction ait prétendu que " la grève n'avait presque pas perturbé la marche de l'usine ", Renault a perdu 2 800 voitures sur trois jours, soit plus de la moitié de sa production. Quant à celles qui sont sorties, mieux vaut ne pas les acheter...

La direction lâche du lest

Mardi, après le week-end du 1er novembre, la grève a recommencé, et les grévistes, 280 le matin et 200 environ l'après-midi, étaient toujours déterminés. Entre autres revendications, les grévistes exigent, outre le versement de l'avance - au moins égale à 2 500 F -, l'arrêt de la " période intermédiaire ", ils veulent sortir 30 minutes plus tôt le soir ; ils exigent un temps de repas permettant de manger correctement, de l'embauche, le P2 et le paiement des heures de grève.

La direction, ce jour-là, a fait quelques propositions aux délégations des grévistes : elle prétend ne pas pouvoir prendre de décision à propos de l'avance sur la prime d'intéressement, qui serait du ressort de la direction générale, mais propose d'augmenter l'intéressement local - qu'elle baptise " Flins Plus " - de 700 F, la somme dont cette prime avait été diminuée en 1998. Elle avance aussi la possibilité d'obtenir la qualification P2 - et l'augmentation de salaire qui en découle - après une petite formation sur le temps de travail, ce qu'elle rejetait catégoriquement il y a quelque temps. Enfin, le 24 décembre serait une journée non travaillée (prise sur le temps dégagé par la variabilité). Quant aux journées de grève, elles seraient en partie compensées par le paiement d'heures de " négociation ", " d'information ".

Mercredi 3 novembre le mouvement continuait et le moral des grévistes tenait bon. La direction de Flins, sûre d'elle et méprisante, a déjà dû en rabattre après sa surprise devant la soudaineté de la grève. La plupart de ceux qui ne participent pas directement à la grève, n'en sont pas moins contents de l'arrêt de la production et de l'avertissement donné au patron. Alors, la direction devra en rabattre encore !

Partager