Lire : La Méridienne, de Denis Guedj05/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1634.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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Nous sommes en 1792 en pleine Révolution française. La révolution bouleverse tout et la science n'y échappe pas. Il s'agit entre autres d'en finir avec tout l'ancien système de poids et de mesures qui rend les calculs si compliqués. Les unités étant différentes d'une région à l'autre, on imagine le casse-tête : on mesure une surface en toises, en pieds, en pouces, en lignes carrées, ou bien encore en arpents, en acres ou en journaux. Bref, savants mais aussi commerçants étaient décidés à unifier toutes les unités et à le faire dans un esprit universel, afin que le nouveau système puisse être adopté dans tous les pays. Pour cela, comme l'explique Condorcet à l'Assemblée constituante de mars 1791, il fallait une unité de longueur qui ne dépendît d'aucune autre quantité. On entreprit donc de mesurer un quart du méridien terrestre (un méridien correspond à la circonférence terrestre passant par les deux pôles) et la dix millionième partie de cette longueur définirait le mètre.

Telle est l'épopée que nous conte Denis Guedj : celle de deux savants, l'astronome Pierre Méchain et le mathématicien Jean-Baptiste Delambre qui partent en 1792 mesurer ce fameux quart de méridien. L'un partit vers le nord direction Dunkerque, et l'autre vers le sud à Barcelone. Au fil de leur périple qui dura sept ans, l'auteur évoque la révolution de façon très vivante. Villes et villages contrôlés par la population en armes, assemblée parisienne qui siègeait nuit et jour au milieu d'une foule enflammée apportant soutiens et doléances, mobilisation générale pour l'armée révolutionnaire, engagement enthousiaste des intellectuels et savants...

Méchain et Delambre se trouvèrent bien sûr confrontés aux plus grandes difficultés comme la guerre contre la révolution, les multiples problèmes matériels, les retournements politiques qui menacèrent à chaque fois l'expédition, etc. L'auteur ne fait que survoler tous ces événements depuis l'insurrection populaire du 10 août 1792 et la chute de Louis XVI, le renversement des Girondins par les Montagnards, la formation du Comité de salut public jusqu'à la réaction de la fin 1793 et l'arrivée du futur Napoléon. Mais cette évocation vivante d'événements hors du commun donne envie d'en savoir beaucoup plus.

Paul BARRAL

La Méridienne, de Denis Guedj, Editions Robert Laffont, 300 pages, 139 francs.

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