Grande-Bretagne : Services publics privatisés ou nationalisés ?15/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1631.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Services publics privatisés ou nationalisés ?

L'accident de Paddington a soulevé une nouvelle fois, en Grande-Bretagne comme en France, le problème de savoir si les services publics doivent rester ou non sous le contrôle de l'Etat.

Si l'accident de Paddington prouve quelque chose, c'est à l'évidence qu'on ne peut faire confiance aux pouvoirs d'argent pour respecter l'intérêt collectif, et encore moins si sont en jeu des milliers de vies humaines, comme c'est le cas dans les transports publics. La recherche du profit maximum, qui est le propre du capitalisme, ne peut qu'aller à l'encontre de la sécurité et plus généralement de tout ce qui ne " rapporte " pas de façon immédiate aux actionnaires. La façon dont le patronat bafoue la sécurité dans les entreprises, sans parler des conditions de travail qu'il impose aux salariés, en donne l'illustration quotidienne.

Il y a bien d'autres arguments qui vont contre la privatisation des services publics. Par exemple le risque de voir un développement dans les secteurs les plus rentables au détriment de ceux qui le sont moins (comme la fermeture des chemins de fer locaux par exemple sans que rien vienne les remplacer). Et puis la privatisation signifie forcément l'introduction d'une couche parasitaire qui tire ses profits du service, et forcément il faut bien que quelqu'un paie la note - c'est-à-dire les usagers par des tarifs plus élevés ou par des services plus limités ou de moins bonne qualité.

Cela dit la nationalisation des services publics ne résoud pas tout, loin de là. Parce que les Etats sont avant tout au service de la bourgeoisie et cherchent à canaliser le maximum de leurs ressources vers les coffres des capitalistes, les budgets des services publics sont toujours les parents pauvres dans les budgets des Etats. Le fait que la SNCF soit une entreprise d'Etat en France n'empêche pas les réductions d'effectifs ni les économies de bouts de chandelles qui mettent en cause la sécurité des voyageurs. Et en Grande-Bretagne, la dégradation que connaissent actuellement les chemins de fer a commencé bien avant la privatisation, avec la politique délibérée de l'Etat, à partir du début des années 1970, de réduire les dépenses publiques dans ce secteur.

Même nationalisé, il ne pourra y avoir de service véritablement public tant que la population en général, et en particulier les travailleurs de ces services, n'exercera pas un contrôle direct sur l'allocation des fonds d'Etat aux services publics, sur les choix politiques qui y sont faits et sur leur exécution.

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