6 milliards d'êtres humains... mais dans quelle société...15/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1631.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

6 milliards d'êtres humains... mais dans quelle société...

Ça y est, le six milliardième Terrien est né le 12 octobre. Du moins, à quelques millions d'individus et à quelques mois près, car il s'agit d'un symbole décidé par le FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population).

Selon les données récentes sur la démographie terrestre, même dans les continents ayant les taux de natalité les plus forts, les rythmes d'accroissement de la population ne sont pas aussi élevés qu'annoncé il y a vingt ans. Remettant au goût du jour les idées réactionnaires de Malthus aussi vieilles que le capitalisme (puisque apparues en même temps que lui), on nous prédisait alors une explosion démographique génératrice de crises, de chômage et de famine. On annonçait plus de 7 milliards d'êtres humains pour la fin du siècle et 12 milliards vers 2050. Or nous ne sommes que 6 milliards et l'on estime que, dans cinquante ans, nous n'atteindrons pas 9 milliards.

La population mondiale n'a donc pas connu cette croissance ininterrompue pouvant poser un problème de survie au genre humain. Ce scénario-catastrophe ne s'est pas réalisé et plus grand monde n'ose soutenir que les maux sociaux s'abattant sur l'humanité proviendraient d'une prétendue surpopulation.

Dans les pays riches, l'amélioration des conditions de vie et d'hygiène ainsi que le développement des connaissances socio-culturelles ont eu pour résultat de freiner spectaculairement la natalité. Et même dans le Tiers Monde plongé dans le dénuement par le capitalisme, dans les pires conditions donc, on voit les femmes réussir à mieux contrôler les naissances.

Mais ce qui peut apparaître comme un progrès ne l'est que de façon très relative, et sur fond de barbarie sociale. Car en cette fin de XXe siècle, ce dont souffrent les êtres humains, et d'abord les deux tiers d'entre eux qui habitent le Tiers Monde, ce n'est pas en fait de surpopulation, mais des conditions de vie qui leur sont imposées.

Ce n'est pas parce que l'humanité compterait quelques milliards de membres de plus ou de moins que les richesses seraient mieux ou moins bien réparties, et notamment que le sous-développement disparaîtrait, ce qui est en cause, c'est l'existence d'un système social inégalitaire qui domine le monde et sa population, en réservant aux classes possédantes la plus grande part des richesses produites par ceux-là mêmes qui sont souvent privés des moyens les plus élémentaires de survivre. C'est dans la perpétuation du système capitaliste que se trouve la cause de la misère, de la famine, des crises, du chômage et des guerres. Et cela est vrai aujourd'hui encore plus qu'au XVIIIe siècle, où l'on n'avait pas encore atteint un milliard d'humains mais où des tenants de ce système parlaient déjà de " surpopulation " et, tel Malthus, voyaient en chaque pauvre un être qui " n'a aucun droit de réclamer la moindre part de nourriture (car), en réalité, il est de trop ".

En fait, ce qu'il y a de trop sur Terre, c'est d'un tel système, de cet ordre social fait d'injustice et d'exploitation dont, espérons-le, le nouveau-né du 12 octobre verra la fin.

Partager