A l'occasion de l'affaire Michelin, les commentateurs et les politiciens ont lourdement insisté sur l'importance des fonds de pension US dans les décisions de l'entreprise et mis en cause les " retraités américains ", qui seraient les vrais responsables des choix et des décisions d'Edouard Michelin.

Ridicule ! Tout d'abord ces retraités ne sont pas plus responsables de la gestion et des décisions des organismes responsables de ces fonds de pension, que les assurés français au GAN ou chez AXA ne seraient responsables des choix spéculatifs des dirigeants de ces groupes !

On ne nous fera pas croire que les actionnaires français, Edouard Michelin en tête, que les grands patrons, bien de chez nous, ne seraient que de minables comparses, sans pouvoir, totalement désintéressés mais impuissants devant ces retraités d'outre-Atlantique. En fait ils sont totalement maîtres de leurs choix. En annonçant à la fois des profits juteux et une grosse vague de licenciements, Edouard Michelin, le dernier rejeton de la dynastie, avait parfaitement conscience que de la sorte il ferait monter les actions du groupe qu'il dirige et dont il est pour une bonne part le propriétaire avec le reste de la famille. Et effectivement elles ont grimpé de plus de 12 % dans la journée qui a suivi ses déclarations. Chacun des retraités américains ne s'en est pas forcement trouvé plus riche au lendemain de cette opération, mais Michelin, lui, a vu son immense fortune s'accroître, en même temps que l'avenir des travailleurs de ses usines s'assombrissait.