Hôpitaux de Marseille : Le personnel des urgences continue la grève et s'adresse aux autres services17/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1627.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Marseille : Le personnel des urgences continue la grève et s'adresse aux autres services

Mardi 14 septembre, la grève continuait dans les services d'urgence des hôpitaix de l'AP à Marseille, c'est-à-dire à l'Hôpital Nord, La Conception, Sainte-Marguerite, ainsi qu'aux urgences de l'hôpital de La Timone.

Tout le monde étant réquisitionné, les services assurent les soins pour les cas les plus urgents.

Face à la gravité de la situation pour tous ceux qui travaillent aux urgences, le maire, président de l'AP, et la direction générale n'ont proposé que des leurres.

Jeudi 9 septembre, les antennes policières des services d'urgence rouvraient et deux policiers étaient donc arrivés dans chaque hôpital, dûment filmés par les caméras de télévision et présentés aux informations du soir comme les sauveurs de la situation. Mais le personnel, lui, jugeait qu'on était loin de ses exigences.

Vendredi 10, une manifestation a eu lieu devant la direction de l'AP. Les deux cents personnes rassemblées finirent par obtenir de rencontrer le directeur dans un amphithéâtre de La Conception. Des représentants des syndicats CGT, CFDT, FO, Sud-CRC, prirent la parole.

Les syndicalistes comme les infirmières, aides-soignants, ASH (aides-soignants hospitaliers) ou brancardiers dirent clairement qu'il n'était plus question d'être insulté, mordu ou frappé à son travail. Ils ne veulent plus avoir à s'occuper, seul ou à deux, d'alcooliques et de toxicomanes en manque, ou de malades choqués et de leurs familles, menés au bout de l'énervement par des attentes de plusieurs heures.

Le problème est de pouvoir soigner tout le monde correctement, et pour cela il faut des soignants, des ASH, des assistantes sociales, des brancardiers, des agents administratifs et des médecins qualifiés en nombre suffisant. Et non des policiers ! Encore moins un maître-chien comme cela se fait pour l'instant. Les policiers peuvent être dissuasifs, encore faudrait-il une présence 24 heures sur 24, mais ce n'est pas eux qui soignent. Comme l'a dit un syndicaliste : " S'il n'y a que des policiers, l'agressivité va augmenter, il faudra plus de policiers et cela finira par ne plus être un hôpital, mais une gendarmerie ! "

Il n'était pas question non plus de " redéployer ", c'est-à-dire de prélever du personnel ailleurs, car tous les services marchent sur la corde raide, manquant tous de personnel.

En réponse, le directeur général se lançait dans un long discours à la limite de l'inaudible : la tâche de directeur aussi était très dure. Astreint à des horaires éprouvants, il avait à abattre des tâches administratives accablantes. Il ne pouvait, dit-il, que gérer un budget qui lui était donné, et il n'avait pas le coeur de choisir de payer du personnel plutôt que d'acheter du matériel. Avait-on le droit de priver les patients d'un défibrillateur - très coûteux - pour embaucher quelqu'un de plus ? Il fallait que chacun fasse un effort - comme lui - pour se débrouiller à soigner tout le monde avec l'enveloppe qu'on lui donnait. Mais il était prêt à être un porte-parole consciencieux du personnel. Il fallait préparer des dossiers bien ficelés qu'il pourrait proposer, non sans difficultés puisque la région était déjà considérée comme sur-dotée par le ministère.

Les propositions restaient en l'état. Deux policiers par service de 13 h à 1 h du matin, des propositions de prendre du personnel dans d'autres services, la fermeture de huit lits sur les quinze des urgences de l'Hôpital Nord, l'envoi éventuel des alcooliques et toxicomanes sur les commissariats où un médecin, venu d'on ne sait où, pourrait faire le tri de ceux qui nécessitaient des soins, et enfin 3,5 postes de médecins supplémentaires pour les quatre hôpitaux.

Comme le firent remarquer ses auditeurs, de plus en plus impatients, reste à espérer que les médecins travaillent 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7, que les alcooliques n'aient pas besoin de soins vraiment urgents ! Prendre du personnel dans d'autres services était exclu. Quant aux dossiers, se pouvait-il qu'un si grand travailleur ne les ait pas encore présentés au ministère, depuis 9 mois que le problème lui avait été posé ! Sur le projet éventuel de la fermeture pure et simple de l'hôpital de Sainte-Marguerite, il s'obstinait à ne rien répondre.

Quand on lui reposa la question " Oui ou non, prévoyait-il des effectifs supplémentaires ? ", il entreprit une histoire des hôpitaux de Marseille depuis trente ans. Un brancardier exprima la colère de tous et tous quittèrent la salle. La grève continuait.

Mardi 14 septembre, une manifestation se déroulait devant le siège de l'Agence Régionale d'Hospitalisation. Une délégation formée de représentants CGT, CFDT, FO, Coordination des infirmières, etc. y était reçue. Les quelque 150 blouses blanches, bleues ou roses qui attendaient dehors occupèrent les deux heures d'attente en slogans et en musique : " Embauchez ! A l'extérieur il y a des chômeurs, à l'intérieur, il y a du travail ! Il faut du personnel pour soigner les malades ! "

Enfin de retour, la délégation annonçait que rien de nouveau n'avait été proposé.

La grève continue donc et une assemblée générale est prévue sur chaque hôpital, à laquelle sera convié le personnel des autres services. Après tout ces problèmes sont ceux de tous, et il vaut mieux être des milliers pour obtenir les moyens de soigner correctement tous les malades.

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