Dans le champagne : La coupe était pleine17/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1627.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dans le champagne : La coupe était pleine

Depuis plusieurs mois, dans le secteur du champagne, un grand nombre de maisons traînaient les pieds pour négocier une réduction du temps de travail. Quelques grandes marques, telles Laurent Perrier, Moët, Taittinger ont bien signé des accords d'entreprise mais cela restait minoritaire, surtout dans les sociétés plus petites.

Le patronat du champagne, représenté par l'Union des maisons de champagne, cherchait en fait dans le cadre d'un accord général, à imposer une modulation des horaires pouvant aller jusqu'à 44 heures en période haute. Et surtout, il voulait que les conditions de rémunération soient différentes entre les contrats à durée indéterminée et ceux à durée déterminée. Ainsi, les travailleurs ayant une ancienneté inférieure à six mois n'auraient pas été payés sur la base de 40 heures, mais sur celle de 37,5 heures.

Un autre sujet inquiétait les travailleurs, les menaces qui planaient sur leur convention collective. A défaut d'un accord avant le 1er janvier 2000, la convention collective du champagne aurait pu être remplacée par celle des vins et spiritueux, de 30 à 40% moins avantageuse, tant en ce qui concerne les salaires que les avantages sociaux. Certes, les maisons de champagne disaient ne pas vouloir remettre en cause la convention, mais comment les croire, elles qui à maintes reprises ont cherché à revenir sur bien des avantages acquis'? Au fil des années la situation s'est nettement dégradée dans ce secteur. Les réductions d'effectifs ont été nombreuses. L'emploi de contrats à durée déterminée atteint dorénavant 30% des effectifs.

La coupe était pleine et a fini par déborder Jeudi 9 septembre, à trois jours du début des vendanges, 70% des 4 500 salariés du champagne se mettaient en grève à l'appel de la CGT. Le taux des grévistes était encore supérieur dans les grandes maisons comme Pommery ou Piper- Heidsieck. Le lendemain, plusieurs centaines de manifestants se sont retrouvés dans les rues de Reims.

Le samedi 11 septembre, alors que reprenait la négociation, la mobilisation des grévistes était toujours aussi importante, et l'Union des maisons de champagne toujours aussi inquiète de se retrouver paralysée à la veille de l'ouverture des vendanges... dont le cru devrait être exceptionnel, tant en qualité qu'en quantité. D'autant qu'à l'approche de l'an 2000 les prix du champagne s'envolent et rien ne semble devoir arrêter cette tendance.

Finalement, un accord a été signé qui, même s'il ne donne pas entière satisfaction sur tout ce que demandaient les grévistes, garantit le maintien de la convention collective du champagne. Par ailleurs, la modulation des horaires est limitée à 42 heures, la réduction du temps de travail sera payée sur la base de 37,5 heures pour un mois d'ancienneté, de 39 heures pour deux mois d'ancienneté et de 40 heures pour une ancienneté supérieure à six mois. Les travailleurs du champagne ont aussi obtenu 0,2 % d'augmentation au 1er janvier 2000 et 0,6% au 1er juillet de la même année, ainsi qu'une prime de 1500 francs au 1 e< novembre. Il va falloir maintenir la pression !

Partager