États-Unis, Corée du Nord : Trump, gendarme du monde03/05/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/05/2544.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis, Corée du Nord : Trump, gendarme du monde

Le 9 avril, juste après avoir fait bombarder la Syrie, le gouvernement américain avait annoncé que son porte-avions Carl Vinson était envoyé, avec toute son escadre, en direction de la Corée du Nord. Il s’agissait de menacer le gouvernement de Pyongyang qui prépare de nouveaux essais nucléaires.

À peine quelques jours plus tard, une photo de la marine américaine montrait que le fameux porte-avions était en réalité en Indonésie. La diplomatie américaine avait dû reconnaître que son président avait une nouvelle fois parlé trop vite.

Mais au-delà des fanfaronnades, coups de bluff ou âneries de Trump, les États-Unis ont décidé d’accroître la pression sur le gouvernement nord-coréen. Le porte-avions a finalement bien fait route vers la Corée du Nord, un bouclier antimissiles dirigé contre ce pays vient d’être rendu opérationnel en Corée du Sud et les menaces de Trump d’une intervention militaire directe des États-Unis n’ont pas cessé.

Ce n’est pas la dictature nord-coréenne en elle-même qui gêne l’impérialisme américain. Il a soutenu et soutient des dictatures au moins aussi féroces partout dans le monde. Mais il ne tolère pas que le régime de Pyongyang lui tienne tête. Depuis plus de 65 ans, les États-Unis ont imposé à ce petit pays un embargo terrible qui l’a presque totalement coupé des échanges économiques mondiaux. La victime en a été la population nord-coréenne, pas la dictature qui pèse sur elle.

Aujourd’hui, l’agressivité redoublée des États-Unis est liée aux tensions économiques qui existent entre cette grande puissance et la Chine, qui est une des seules puissances régionales avec qui la Corée du Nord peut un peu encore commercer. En visant la Corée du Nord, les États-Unis visent aussi la Chine.

Et puis, il y a les essais nucléaires. Pour une dictature militaire comme celle de Corée du Nord, la course aux armements apparaît comme une garantie face aux grandes puissances et une justification des privations qu’elle impose à la population. Mais en retour, et à une tout autre échelle, cela pousse l’impérialisme américain à réagir.

Cela a pu se limiter à des déclarations dans le passé. Mais, au-delà des gesticulations actuelles, jusqu’où Trump est-il prêt à aller ? L’État américain envisage-t-il réellement une intervention militaire ? Après avoir fait plusieurs déclarations menaçantes, il a semblé baisser d’un ton en déclarant lundi premier mai qu’il serait « honoré » de pouvoir rencontrer Kim Jong-un, le dictateur nord-coréen. Le pouvoir américain cherche-t-il réellement à ouvrir une porte à la négociation ? Et quelle attitude aurait-il si de telles négociations s’engageaient ? Elles seraient sans doute un cadre pour soumettre la Corée du Nord aux volontés américaines.

Il est impossible de prévoir ce qui peut arriver. Car au-delà des intentions des États-Unis, il y a aussi les dérapages qu’une situation tendue peut provoquer.

En 2003, la volonté d’en finir avec la dictature irakienne de Saddam Hussein, qui ne se soumettait pas assez à leurs yeux, a amené la puissance américaine à lancer une opération militaire qui a bouleversé tout le Moyen-Orient et engendré un chaos qui, depuis, n’a cessé de se répandre. Voilà ce qui peut menacer la Corée du Nord et toute la région qui l’entoure.

Partager