Leur société

Guyane : la grève générale se poursuit

Après avoir ouvert les barrages pour le week-end de Pâques, les collectifs ont décidé à nouveau de durcir le mouvement. Le « Kolektif pou lagwiyann dékolé » (pour le décollage de la Guyane), qui chapeaute l’ensemble, a décidé lundi 17 avril au soir en assemblée générale de reformer les barrages, d’en ériger d’autres et de durcir les conditions de passage.

Le collectif a envoyé au gouvernement un protocole d’accord exigeant à nouveau les 2,5 milliards qui doivent s’ajouter au 1,085 milliard déjà accordé.

Le collectif estime avec raison qu’après cette mobilisation de masse, il faut saisir l’occasion d’arracher les fonds et donc ne rien lâcher. Ces trois milliards ne sont qu’un moyen devant permettre de faire sortir d’urgence les infrastructures et services publics du délabrement.

Il n’y a donc toujours pas d’établissement scolaire ouvert, les villes sont quasi mortes, et la fusée Ariane toujours au sol, le Centre spatial guyanais (CSG) ne pouvant fonctionner normalement.

Le 18 avril, ce sont surtout des patrons petits et grands qui ont protesté contre les barrages et tenté de susciter plusieurs incidents. Certains, du côté de Kourou et du CSG, ont tenté de forcer les barrages et ont dû reculer face à la détermination des militants. Ce petit milieu lié au Medef tente de faire basculer l’opinion de la population dans son sens. Mais la grande majorité reste solidaire de la grève générale.

Cependant, on ne voit toujours pas mettre en avant les intérêts spécifiques des travailleurs, qui pourtant sont toujours en grève, ni ceux des chômeurs et des plus démunis : pas de revendications de salaire, de conditions de travail, d’embauches massives. Les dirigeants des collectifs, les notables, défendent les prétendus intérêts généraux de la Guyane et les militants régionalistes, nationalistes ou autonomistes, eux, font de plus en plus entendre leur revendication d’un statut politique proche de celui de la Nouvelle-Calédonie. Mais il y a « leur » Guyane et celle des travailleurs, des chômeurs, des pauvres, des peuples autochtones qui souffrent en forêt !

Si un début d’orientation dans le sens de leurs intérêts se faisait entendre, ce serait le commencement de la nécessaire prise de conscience de classe, indispensable pour l’avenir, pour construire la force politique des travailleurs et des pauvres.

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