Nathalie Arthaud : “dénoncer la dictature de la bourgeoisie”29/03/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/03/p8-9_Allocution_NA_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Nathalie Arthaud, candidate communiste – Faire entendre le camp des travailleurs

Nathalie Arthaud : “dénoncer la dictature de la bourgeoisie”

Illustration - “dénoncer la dictature de la bourgeoisie”

La minorité capitaliste et le grand patronat nous mènent une guerre de plus en plus féroce. Les milliards qu’ils amassent sont réalisés à coups de licenciements, de suppressions d’emplois, de blocages de salaires, d’augmentations du temps de travail et d’aggravations de l’exploitation. Ils sont réalisés à grand renfort de travail intérimaire et de sous-traitance, où les salariés sont plus flexibles et plus mal payés. Ils sont arrachés aux salariés des plus petites entreprises, priés de ne pas compter leurs heures parce que leur patron est étranglé par ce grand capital.

Les régions ravagées par le chômage, les centres-villes désertés parce que le petit commerce est moribond, les millions de femmes et d’hommes, de jeunes qui jonglent avec des petits boulots, les retraités dont la pension est inférieure au seuil de pauvreté… voilà le résultat de l’avidité insatiable de la classe capitaliste. (…)

La bourgeoisie nous conduit dans le mur

Cette grande bourgeoisie commande l’État, elle domine l’économie et pèse sur toute la marche de la société. Et elle nous conduit dans le mur en poussant les classes populaires vers la déchéance matérielle et la société à la déshumanisation, car le chômage et la misère font le lit de la concurrence, de l’individualisme, du rejet, voire de la haine de l’autre.

Alors, dans cette campagne, il faut que nous disions aux travailleurs qui nous entourent : “ne vous laissez pas abuser par les pantins qui s’excitent sur la scène politique. Regardez ceux qui tirent les ficelles, regardez la classe capitaliste qui tient nos vies entre ses mains : c’est une classe parasitaire, anachronique et irresponsable. (…)”

On nous appelle à voter, mais il s’agit de choisir le président de la République qui servira le grand patronat, qui l’aidera à attaquer nos conditions de travail, nos emplois, nos retraites. Il ne faut pas marcher là-dedans. Quand on est ouvrier, employé, chômeur, voter pour l’un ou l’autre de ces prétendants à l’Élysée, c’est voter contre son camp, c’est se vouer à être trompé et sacrifié. (…)

Les travailleurs doivent imposer leur contrôle

La bourgeoisie a érigé le mensonge et l’opacité en art de gouverner. Elle en fait une arme pour imposer sa politique. Nous devons revendiquer la levée du secret des affaires.

On verrait alors ce que l’entreprise verse réellement en salaires ; ce qu’elle économise, du fait des multiples exonérations de cotisations sociales, des niches fiscales ; ce qu’elle verse en dividendes à ses actionnaires ; ce qu’elle met en provisions. Il faut que l’on puisse connaître les conditions faites aux sous-traitants, les marges que les uns imposent aux autres, y compris les dessous-de-table.

Le patronat parle sans cesse du coût du travail. C’est de la propagande, car le travail ne coûte rien aux capitalistes, il leur rapporte ! (…)

On nous explique que la raison d’être de cette classe capitaliste est d’investir. Eh bien, que l’on regarde aussi combien va à la recherche, à la formation, à l’investissement. Les chercheurs dénoncent régulièrement les 6 milliards d’euros accordés chaque année en crédit d’impôt recherche à des entreprises qui, comme Sanofi, suppriment des postes de recherche et grugent l’État. Parce qu’en réalité même cette fonction d’investir, la bourgeoisie ne la remplit plus, parce qu’elle a trouvé plus profitable pour s’enrichir : la spéculation.

Plus qu’un droit au contrôle, il faudrait même parler de devoir civique, car c’est la seule façon de dénoncer et d’empêcher les crimes patronaux. Du scandale de l’amiante au Dieselgate, en passant par le Mediator des laboratoires Servier et la Dépakine de Sanofi, on a la preuve que le grand patronat n’a aucun scrupule à nous empoisonner. Alors il faut savoir ce qui se passe dans les entreprises, et les salariés sont aux premières loges pour cela.

Pas un courrier, même secret, n’échappe à l’assistante du PDG parce qu’elle le prépare et l’envoie. Collectivement, en rassemblant toutes ces informations parcellaires, les salariés peuvent avoir le contrôle sur toutes les décisions et sur l’argent qui circule dans l’entreprise.

Les patrons le savent et le craignent, c’est pour cela qu’ils imposent le secret professionnel aux salariés. Il faut donner la possibilité à tous les salariés de se transformer en lanceurs d’alerte, sans craindre d’être placardisés ou licenciés. Il faut supprimer le secret des affaires.

Cette mesure modifierait le rapport de force entre le patronat et les travailleurs en donnant de nouvelles armes aux travailleurs. Il en serait fini du chantage patronal, des rumeurs et des fausses informations. Les travailleurs sauraient à quoi s’en tenir, ils pourraient anticiper, s’organiser face aux attaques patronales et prendre l’initiative pour les empêcher de nuire.

Un programme de lutte

Alors, voilà notre programme ! Ce n’est pas, comme tous les autres candidats, un catalogue de promesses numérotées qui seront aussi vite bafouées qu’elles ont été inventées. C’est un programme qui découle de nos besoins.

Et les objectifs que nous mettons en avant n’ont rien à voir avec des promesses électorales : ce sont des objectifs de lutte, qui ne pourront être imposés qu’au travers d’une levée en masse du monde ouvrier, un bras de fer qui amènera forcément les travailleurs à contester la propriété privée de la bourgeoisie sur les moyens de production.

Nos adversaires ne s’y trompent pas. Ils hurlent aux mots d’expropriation et de réquisition. Eh bien oui, il faut remettre en cause la propriété privée sur les moyens de production. Il faut contester la propriété privée de la bourgeoisie, qui s’est édifiée sur la sueur de générations de travailleurs et qui continue de s’accroître au travers de notre exploitation.

Oui, je suis communiste et je suis candidate aussi pour dire qu’il faut retirer à cette infime minorité immensément riche le pouvoir de maintenir dans l’esclavage salarial l’écrasante majorité de la population. (…)

Il faut un parti

D’un côté, l’humanité a accompli des choses époustouflantes, transformant la planète en fonction de ses besoins. L’esprit humain a fait des pas de géant dans la compréhension du monde. Mais, parce que la société est dominée par l’argent, cette organisation sociale est devenue une menace pour l’humanité elle-même. (…) Le progrès de l’humanité ne peut passer que par le renversement du capitalisme. Alors, il faut que des jeunes fassent le choix de devenir des artisans conscients de la société future, c’est-à-dire des communistes révolutionnaires. (…)

Pour changer la société, la classe ouvrière aura bien des combats à mener, des petits et des grands. C’est dans le combat pour ses intérêts vitaux qu’elle forgera la conscience de son rôle historique. Et pour cela, les luttes sociales, les grèves, les mouvements sociaux sont les combats qui comptent le plus. (…)

Il faut un parti qui affirme que la société est divisée en deux classes aux intérêts inconciliables et que nous devons nous battre, en ne comptant que sur nos propres forces, pour défendre notre droit à l’existence ; un parti qui affirme que les travailleurs peuvent se passer du grand capital parce que ce sont eux qui font tout fonctionner dans la société. (…)

Voter, ce n’est pas encore construire un parti. Mais c’est déjà se rassembler de façon ponctuelle derrière un drapeau. Et, d’élection en élection, de mouvement de grève en manifestation, cela participe de la construction du parti. Alors, votez et entraînez les gens autour de vous pour faire entendre le camp des travailleurs, et aidez-nous à construire ce parti qui manque aujourd’hui à la classe ouvrière.

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