Clause Molière : contre la cause ouvrière16/03/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/03/2537.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Clause Molière : contre la cause ouvrière

Le 9 mars, la région Île-de France dirigée par Valérie Pécresse a adopté le principe de la clause dite Molière. Cette mesure obligerait entre autres à l’usage du français sur les chantiers. Selon Pécresse, il s’agirait de faire barrage à la venue de travailleurs détachés d’autres pays de l’Union européenne.

Cette clause avait déjà été adoptée dans cinq régions, Auvergne-Rhône-Alpes dirigée par Laurent Wauquiez (Les Républicains, LR), Hauts-de-France dirigée par Xavier Bertrand (LR), Pays de la Loire (LR), Normandie (UDI) et Centre-Val de Loire dirigée par le Parti socialiste, ainsi que dans plusieurs départements comme la Charente, la Corrèze, le Nord, le Haut-Rhin, ou encore la Vendée.

« Bien loin des caricatures dans lesquelles certains voudraient nous enfermer, c’est une condition sine qua non pour la sécurité des travailleurs sur les chantiers », s’est justifiée sans rire Valérie Pécresse. L’argument est particulièrement cynique car, si des accidents surviennent dans les chantiers, ce n’est pas parce que les travailleurs ne comprennent pas les mesures de sécurité, mais le plus souvent parce que les patrons ne les mettent pas en œuvre, par souci d’économies. La présidente de la région Île-de-France se moque évidemment de la sécurité sur les chantiers. Son seul souci est de laisser entendre qu’elle agit contre la présence de travailleurs étrangers. Tout le battage autour de cette mesure vise à répandre l’idée que les travailleurs détachés, majoritairement issus de trois pays, Pologne, Portugal et Espagne, viendraient voler l’emploi des travailleurs français.

Si les patrons licencient ou suppriment des emplois, sur des chantiers comme ailleurs, ce n’est certainement pas parce qu’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde, mais parce qu’ils cherchent à faire le maximum de profit en économisant sur les coûts de production, comme ils disent. Valérie Pécresse ne veut certainement pas les en empêcher. Elle veut simplement ne pas perdre l’occasion de rejoindre la cohorte des politiciens qui, sous une forme ou sous une autre, veulent désigner l’étranger comme l’ennemi.

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