Dans les entreprises

Safran-Snecma – Corbeil : les travailleurs réclament leur part

À l’usine Safran-Snecma de Corbeil, les négociations salariales durent depuis des semaines. La direction ne lâchant rien, l’intersyndicale a fini par proposer de faire du vendredi 24 février une « journée morte » ou « journée sans effort ».

Cette formulation vague évitait de parler de grève ou même de simple débrayage, mots censés effaroucher les nombreux ingénieurs et techniciens du site (qui comporte 3 500 salariés dont 900 ouvriers), parmi lesquels beaucoup d’embauchés récents. En fait, cela a contrarié tous ceux qui étaient impatients d’exprimer leur volonté de bousculer le train-train de ces négociations et qui étaient décidés à exiger, cette année, une augmentation salariale significative pour tous.

Sans attendre le vendredi, dès le mardi 21 au soir l’équipe de nuit s’est lancée. Les grévistes ont décidé de se regrouper pour se compter, et ils ont constaté que ce premier rassemblement improvisé réunissait 80 % de l’équipe. Encouragés autant que surpris, après un tour d’usine, ils ont décidé de se retrouver en fin de poste pour accueillir leurs collègues du matin et leur demander de faire la même chose. Finalement, jusqu’au vendredi, les équipes se sont relayées sur le même rythme, en démentant à chaque fois tous les pronostics de retour au calme. Trois à quatre cent personnes ont fait monter l’ambiance, pour aboutir à un vendredi bien mobilisé et bruyant, dans une usine pavoisée de banderoles et pancartes revendicatives, car l’équipe de nuit n’avait pas ménagé ses efforts pour la déco. Résultat : le vendredi 24 fut tout sauf mort ! Et le mardi 28, les débrayages recommençaient à chaque prise d’équipe.

Il faut dire que la direction l’a bien cherché. Depuis des années, elle lâche des augmentations au ras des pâquerettes. Cette année encore, elle ne veut accorder que 18 euros par mois minimum, soit 0,6 % d’augmentation générale. Pourtant, le groupe Safran et les usines Snecma se portent très bien. Les résultats financiers de 2016 font encore apparaître des bénéfices record. Les dividendes versés aux actionnaires augmentent encore de 10 % cette année. Le groupe fait régulièrement la une de la presse économique en multipliant les opérations spéculatives, ventes de filiales et rachat d’entreprises.

Mais cette année, les travailleurs de Corbeil l’ont averti qu’il ne lui sera pas facile de faire accepter une augmentation minable.

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