Roumanie : recul du gouvernement08/02/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/02/2532.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Dans le monde

Roumanie : recul du gouvernement

Depuis le 18 janvier, des manifestations de plus de 100 000 personnes se sont déroulées à Bucarest ainsi que dans toutes les grandes villes de Roumanie. Les manifestants demandaient l’abrogation d’une ordonnance gouvernementale dont le but était à la fois de paralyser et de rendre caduques toutes les enquêtes en cours du département national anticorruption (DNA) et de vider les prisons au moyen d’une grâce.

Depuis la chute de Ceausescu en décembre 1989, deux grandes familles politiques se partagent alternativement le pouvoir. D’une part le PSD, Parti social-démocrate dont les fondateurs sont directement issus de l’ancien Parti communiste stalinien et qui a toujours le soutien de l’Église orthodoxe et des nationalistes, et d’autre part le PNL, le Parti de la droite libérale.

Bien que depuis plusieurs années le parquet roumain chargé de la lutte anticorruption (DNA) montre une certaine efficacité dans l’arrestation par centaines de politiciens, de policiers, de douaniers, de maires, de députés et d’hommes d’affaires corrompus, une grande partie de la population reste révulsée par ces magouilleurs. Elle se fait beaucoup d’illusions sur les pratiques des politiciens d’Europe occidentale, en les croyant différentes !

Le gouvernement PSD, issu des élections législatives de décembre, a tenté une nouvelle fois sa chance, puisque c’est en catimini qu’il voulait faire adopter une modification du Code pénal pour protéger ses amis. Manque de chance, le président de la République roumaine, qui est, lui, du Parti libéral (PNL), a rendu l’affaire publique. Non pas qu’il soit plus honnête, mais il cherche lui-même à garder le plus longtemps possible son mandat de président de la République. Pour l’instant, cela le met hors de portée du parquet anticorruption pour ses combines immobilières à Sibiu, ville dont il était le maire.

En 2013, une première tentative d’instaurer une super-immunité aux politiciens élus et autres députés avait déjà déclenché des manifestations importantes et avait contraint le gouvernement à remballer son projet.

Le 30 octobre 2015, à Bucarest, un terrible incendie avait détruit une immense boîte de nuit, le Colectiv, provoquant la mort de 64 personnes. Plus de cent mille personnes avaient manifesté contre l’incurie des services de secours, contre la corruption des autorités, qui avaient donné des autorisations d’exploitation pour un local qui n’était pas du tout équipé contre l’incendie.

En ce début d’année, pendant près de dix jours, des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre le gouvernement en descendant tous les jours dans la rue, après le travail, de 17 h à 23 h. Au bout du compte, le gouvernement a abrogé cette ordonnance et c’est une victoire pour les manifestants.

Ce qui change vraiment en Roumanie, c’est peut-être la volonté de toute une partie de la population de se mêler directement de ses affaires. Cela ne doit être qu’un début car, au-delà des affaires qui choquent tout le monde, la classe ouvrière en particulier doit faire entendre ses propres revendications en matière de salaire, de conditions de vie et de contrôle, non seulement sur les élus, mais sur les entreprises et la gestion de l’économie.

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