Le PCF et Hamon : “ Ré-enchanter ” une politique sans perspective01/02/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/02/2531.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PCF et Hamon : “ Ré-enchanter ” une politique sans perspective

« La victoire de Benoît Hamon » à la primaire du PS et de ses alliés « rebat les cartes de la campagne », titrait l’Humanité du lendemain. Pour le PS, sans doute. Pour la direction du PCF, peut-être. Car elle se remet à espérer à haute voix que lesdites cartes lui donneront un jeu un peu moins défavorable. Mais pour quoi faire ?

S’agissant de la campagne présidentielle, le PCF s’en est lui-même exclu, ayant une nouvelle fois décidé de ne pas présenter de candidat.

Après des mois de tergiversations et de silence, la direction du PCF a fini par se rallier à Mélenchon, un politicien qui, non content d’afficher son mépris du PCF, n’entend lui laisser d’autre choix que de se soumettre au chef du mouvement des Insoumis.

On l’a vu à l’occasion de la présentation par le PCF de ses candidats aux élections législatives qui suivront la présidentielle. Mélenchon s’est empressé d’annoncer les siens, y compris dans des circonscriptions où le PC a encore un député, en faisant savoir qu’il ne donnerait son investiture aux candidats du PCF, dont ses neuf députés sortants, que s’ils se ralliaient à son programme et acceptaient de verser une partie de leur indemnité parlementaire à son mouvement à lui.

Cela, les militants et les sympathisants communistes le voient, s’en indignent parfois, sans que les convainquent vraiment les explications que donne leur direction sur le mode « on n’a pas le choix ». Surtout quand, sur les marchés ou lors de distributions de tracts, des partisans de Mélenchon disent « vouloir casser le PCF » à qui veut les entendre.

La possibilité qu’a la direction du PCF de marchander son ralliement présidentiel, en vue des législatives, était jusqu’alors quasi nulle avec Mélenchon. Tandis qu’avec la victoire d’Hamon, en tout cas elle veut le croire, elle a une divine surprise. Elle pourrait négocier avec le candidat du PS – s’il le veut bien et si les notables du PS l’acceptent – quelques circonscriptions où le PCF, seul en lice face à la droite, pourrait espérer sauver quelques-uns de ses députés sortants.

Que ces tractations aboutissent ou pas avec Hamon, en agiter l’éventualité a l’avantage, pour la direction du PCF, de signifier à Mélenchon qu’il ne peut pas exiger d’elle un ralliement en rase campagne sans contrepartie.

Pour habiller ce jeu de poker menteur, la direction du PCF, à son habitude, en fait des tonnes. Le 24 janvier sur France Inter, Pierre Laurent déclarait que Mélenchon « est le mieux placé pour qualifier un candidat de gauche au second tour » et paraissait critiquer Hamon en disant qu’il « faut s’occuper des salaires ». Depuis, les œillades appuyées à l’adresse d’Hamon se multiplient.

Dès le lundi 30, l’Humanité écrivait que « la défaite de Valls ouvre (…) de nouvelles chances de débat, voire de rassemblement à gauche ». Derrière l’ex-ministre de Hollande ? Le lendemain, ce journal décrivait Hamon comme quelqu’un avec lequel le PCF peut s’entendre et « construire des passerelles ». Et, en plus lyrique, mais aussi plus trompeur pour les militants et sympathisants du PCF : « La victoire de Benoît Hamon s’est sans doute tout autant bâtie sur le rejet gouvernemental (…) que sur une attente d’un ré-enchantement à gauche qui n’est pas venu depuis 2012. »

Espérer négocier quelques sièges dans la future Assemblée, avec Hamon, avec Mélenchon, ou les deux, vaut bien, pour la direction du PCF, de semer de nouvelles illusions sur des politiciens de la bourgeoisie.

S’être ralliée à celui qui fut un dirigeant du PS trente ans durant et ministre de Jospin, puis peindre un ex-ministre de Hollande en symbole ré-enchanté du rejet gouvernemental, la direction du PCF n’a décidément rien à proposer à ses militants, sympathisants et électeurs. Sinon, d’être encore et toujours re-désenchantés par une politique qui ne défend pas les intérêts des travailleurs, ni ne prépare ces derniers à les défendre contre celui, quel qu’il soit, qui sera élu président.

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