À la CGT : “assises de l’industrie” ou défense des travailleurs ?01/02/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/02/2531.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

À la CGT : “assises de l’industrie” ou défense des travailleurs ?

Le 22 février, la CGT va organiser des assises nationales « pour l’avenir de l’industrie », assorties d’une journée de mobilisation prévue pour le 21 mars. « La France a besoin d’une industrie forte et moderne », explique la confédération, qui met en avant ses propositions pour une « reconquête de l’industrie au service du développement humain durable ».

Avec cette « campagne pour l’industrie », la CGT met en avant ses propositions pour une politique qui préserverait les emplois et la planète, au moment où les patrons multiplient les attaques, s’appuyant sur les lois que le gouvernement socialiste a eu l’obligeance de faire passer pour eux. L’ensemble du monde du travail encaisse les coups, et les exemples ne manquent pas : le nouvel accord chez Renault permet d’imposer encore plus de flexibilité aux travailleurs ; le deuxième plan de compétitivité de PSA prévoit, entre autres, le non-paiement des heures supplémentaires, l’introduction de contrats de travail à temps partiel pour les équipiers de nuit avec une perte de salaire de 350 à 400 euros, la poursuite du blocage des salaires et les mutations forcées. Quant aux travailleurs du commerce, grâce à la loi Macron, ils voient le travail du dimanche se généraliser.

Toutes ces mesures sont prises, si ce n’est au nom de l’avenir de l’industrie, du moins au nom de l’avenir de l’entreprise. La menace de perdre son emploi pèse sur tous les travailleurs, comme le montrent les annonces de licenciements ou de suppressions de postes par de grands groupes, de Sanofi à Vivarte, ou des entreprises sous-traitantes comme GM&S pour l’automobile ou Logo pour les lunettes, pour n’en citer que quelques-unes.

Avec ses « assises pour l’avenir de l’industrie », la direction de la CGT place le syndicat sur un autre terrain que le terrain de classe et de la riposte indispensable à l’offensive patronale. Bien sûr, si la confédération mettait en avant des objectifs clairs pour organiser la contre-offensive, cela ne suffirait pas pour qu’elle ait lieu. Mais cela permettrait au moins d’en donner la perspective et de ne pas désorienter un peu plus les militants, les travailleurs combatifs. Car les intérêts des travailleurs ne se confondent pas avec ceux de l’industrie française, au nom de laquelle les patrons leur assènent des sales coups et empochent les profits.

Ce genre de diversion n’est pas une nouveauté à la CGT, qui cherche périodiquement à montrer un visage « constructif ». En 2009, c’est le gouvernement Fillon, sous la présidence Sarkozy, qui avait organisé les « États généraux de l’industrie » réclamés par les dirigeants syndicaux. Six mois de tables rondes et de groupes de travail avec des représentants du gouvernement et du patronat avaient occupé des centaines de responsables syndicaux… avec le brillant résultat que l’on sait sur le chômage ! La CGT fait mine de croire que les propositions qu’elle adresse aux gouvernants et au patronat seraient à même de changer le sort des travailleurs, à condition de faire passer au second plan la logique des financiers. Comme si le patronat et les gouvernements successifs ne démontraient pas quotidiennement qu’ils se moquent des conseils des bureaucraties syndicales.

Un plan industriel, ou un plan de production digne de ce nom, viserait à satisfaire vraiment les besoins des travailleurs et de la société tout entière, c’est-à-dire à produire en fonction des besoins, à répartir le travail entre tous, à augmenter les salaires, à répondre aux exigences vitales du monde du travail. Mais il ne pourra être imposé par des discussions : il nécessitera la mobilisation des travailleurs pour imposer leur droit à une existence digne.

Partager