Dans les entreprises

Chantier RATP : en grève pour être payés

Une trentaine d’ouvriers employés sur un chantier de rénovation du métro parisien ont fait grève du 23 au 27 janvier, pour obliger leur employeur à leur payer plusieurs mois de salaire en retard.

Ils travaillent pour FH Service, mais cette petite entreprise n’est que le sous-traitant de Sogea TPI, elle-même filiale du groupe Vinci. Et le donneur d’ordres est la RATP. En faisant un piquet de grève sur leur chantier de Châtelet-Les Halles et en interpellant les passagers du métro, avec l’aide de la CGT RATP et Vinci, ils ont soulevé le voile sur les méthodes que ce grand groupe du BTP utilise, par l’intermédiaire de ses filiales et de ses sous-traitants, pour tirer le maximum de profit des ouvriers.

Les salaires de décembre n’ont pas été versés, les retards de paie atteignent jusqu’à huit mois pour certains ouvriers. Les conditions de travail sont exécrables : de 22 heures à 5 heures du matin, sans pause, les travailleurs sont exposés sans protection à des poussières, des produits chimiques et peut-être même à de l’amiante. De différentes nationalités, les ouvriers comptent parmi eux cinq sans-papiers. Mais, pour leur patron, ce n’est pas la peine d’entamer une procédure de régularisation, puisque aucun n’a de contrat de travail ni de fiche de paie.

Ce n’est pas la première fois que ce genre de situation est dénoncé sur les chantiers du réseau RATP : déjà, en 2009, des salariés sans papiers ont été employés dans des conditions tout aussi dures et précaires par une entreprise sous-traitante. La RATP sait très bien que certaines entreprises ne respectent pas le droit et les normes les plus élémentaires du travail. Mais elle ne se donne pas les moyens de les faire respecter : une dizaine de salariés de la RATP seulement contrôlent plusieurs centaines de chantiers chaque nuit. Les agents RATP de l’ingénierie, qui chapeautent ces chantiers et voient passer les contrats et les factures, constatent aussi que la RATP choisit de tirer les prix vers le bas, avec les conséquences que cela implique pour les travailleurs des chantiers. Il est d’ailleurs significatif que, suite à l’écho médiatique qu’a rencontré la grève, la RATP ait porté plainte pour le préjudice subi « en termes d’image et à cause de l’arrêt du chantier », sans un mot sur le sort des travailleurs.

Les salariés du chantier de Châtelet-Les Halles avaient déjà fait plusieurs grèves les mois précédents pour dénoncer les méthodes de leur patron et obtenir le paiement de leur salaire. Cette fois, grâce à leur détermination mais aussi à la médiatisation de la grève, ils ont obtenu que le groupe Vinci fasse payer les salaires et les arriérés, s’engage à embaucher directement les ouvriers en CDI de chantier et à entamer les démarches de régularisation des cinq salariés sans papiers. Les grévistes ont décidé de suspendre leur action mais, si les engagements ne sont pas tenus, la lutte reprendra.

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